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mardi 30 janvier 2018
Mer de feu
Pour endurer l’horrible poids
Qui menace chacun de nos pas
Sur ce domaine où es chances prolifèrent,
Il suffit parfois de boire un peu de poésie
Et de plonger ses yeux dans l’épaisseur du matin.
Pas nécessaire de saisir la clé des champs
Ni de s’amincir en de vertes espérances.
La mer qui nous convie est une mer de feu.
Qui menace chacun de nos pas
Sur ce domaine où es chances prolifèrent,
Il suffit parfois de boire un peu de poésie
Et de plonger ses yeux dans l’épaisseur du matin.
Pas nécessaire de saisir la clé des champs
Ni de s’amincir en de vertes espérances.
La mer qui nous convie est une mer de feu.
Pierre Morency, Extrait de Amouraska
mardi 23 janvier 2018
Les causes
Les crépuscules et les générations.
Les jours dont aucun ne fut le premier.
La fraîcheur de l'eau dans la gorge
D'Adam. L'ordre du Paradis.
L'œil déchiffrant les ténèbres.
L'amour des loups à l'aube.
La parole. L'hexamètre. Le miroir.
La tour de Babel et l'arrogance.
La lune que regardaient les Chaldéens.
Les sables innumérables du Gange.
Tchouang-tseu et le papillon qui le rêve.
Les pommes d'or des îles.
Les pas du labyrinthe vagabond.
La toile infinie de Pénélope.
Le temps circulaire des stoïques.
La monnaie dans la bouche du mort.
Le poids de l'épée sur la balance.
Chaque goutte d'eau dans la clepsydre.
Les aigles, les fastes, les légions.
César le matin de Pharsale.
L'ombre des croix sur la terre.
Les échecs et l'algèbre du Persan.
Les traces des longues migrations.
La conquête des royaumes avec l'épée.
La boussole incessante. la mer ouverte.
L'écho de la pendule dans la mémoire.
Le roi exécuté à la hache.
La poussière incalculable des armées.
La voix du rossignol au Danemark.
La ligne scrupuleuse du calligraphe.
Le visage du suicidaire dans la glace.
La carte du joueur. L'or vorace.
Les formes du nuage dans le désert.
Chaque arabesque du kaléidoscope.
Chaque remords et chaque larme;
Il a fallu toutes ces choses
Pour que nos mains se rencontrent.
Les jours dont aucun ne fut le premier.
La fraîcheur de l'eau dans la gorge
D'Adam. L'ordre du Paradis.
L'œil déchiffrant les ténèbres.
L'amour des loups à l'aube.
La parole. L'hexamètre. Le miroir.
La tour de Babel et l'arrogance.
La lune que regardaient les Chaldéens.
Les sables innumérables du Gange.
Tchouang-tseu et le papillon qui le rêve.
Les pommes d'or des îles.
Les pas du labyrinthe vagabond.
La toile infinie de Pénélope.
Le temps circulaire des stoïques.
La monnaie dans la bouche du mort.
Le poids de l'épée sur la balance.
Chaque goutte d'eau dans la clepsydre.
Les aigles, les fastes, les légions.
César le matin de Pharsale.
L'ombre des croix sur la terre.
Les échecs et l'algèbre du Persan.
Les traces des longues migrations.
La conquête des royaumes avec l'épée.
La boussole incessante. la mer ouverte.
L'écho de la pendule dans la mémoire.
Le roi exécuté à la hache.
La poussière incalculable des armées.
La voix du rossignol au Danemark.
La ligne scrupuleuse du calligraphe.
Le visage du suicidaire dans la glace.
La carte du joueur. L'or vorace.
Les formes du nuage dans le désert.
Chaque arabesque du kaléidoscope.
Chaque remords et chaque larme;
Il a fallu toutes ces choses
Pour que nos mains se rencontrent.
Jorge Luis Borges, Extrait de Poèmes d'amour
vendredi 19 janvier 2018
Les traces
" Je n'aime l'oeuvre d'un peintre que quand j'aime la plus mauvaise, la pire de ses toiles, je pense que chez tous la meilleure toile contient les traces de la pire, et la pire celles de la meilleure - et tout ne dépend que des traces qui l'emportent. "
Alberto Giacometti, Extrait de Écrits
vendredi 12 janvier 2018
Nous n'avons plus de temps
À Gaston Miron
Nous avons perdu le cours de l'histoire
nous n'avons plus le sens de la vie
nous avons oublié l'objet dans le tiroir
nous ne reviendrons plus ici
avant que tout ne soit changé en étoiles
en feuilles fraîches en chemins clairs
quand notre langue sera sans ombre
alors nous reviendrons de très loin
en habits de lumière
Nous avons perdu le cours de l'histoire
nous n'avons plus le sens de la vie
nous avons oublié l'objet dans le tiroir
nous ne reviendrons plus ici
avant que tout ne soit changé en étoiles
en feuilles fraîches en chemins clairs
quand notre langue sera sans ombre
alors nous reviendrons de très loin
en habits de lumière
Roland Giguère, Extrait de Temps et lieux
mercredi 10 janvier 2018
La plus lointaine étoile
Encore la plus lointaine étoile et nous,
la distance, inimaginable, reste encore
comme une ligne, un lien, comme un chemin.
S'il est un lieu hors de toute distance,
ce devait être là qu'il se perdait:
non pas plus loin que toute étoile, ni moins
loin,
mais déjà presque dans un autre espace,
en dehors, entrainé hors des mesures.
Notre mètre, de lui à nous, n'avait plus cours:
autant, comme un lame, le briser sur le genou.
la distance, inimaginable, reste encore
comme une ligne, un lien, comme un chemin.
S'il est un lieu hors de toute distance,
ce devait être là qu'il se perdait:
non pas plus loin que toute étoile, ni moins
loin,
mais déjà presque dans un autre espace,
en dehors, entrainé hors des mesures.
Notre mètre, de lui à nous, n'avait plus cours:
autant, comme un lame, le briser sur le genou.
Philippe Jaccottet, Extrait de L'encre serait de l'ombre
mardi 9 janvier 2018
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