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vendredi 28 septembre 2018

jeudi 27 septembre 2018

Le déluge

Et si c’était vraiment le déluge, cela
qui, vague après vague, jour après jour,
chasse jusqu’au fond les vieux papiers
les vieux amours, les visages, les lumières
les maisons sur leur toit, baleines échouées
si c’était vraiment lui, ce long frisson
comme un corridor qui nous traverse
quand la trompe du marchand de poisson
retentit dans l’air humide,
resterions-nous ainsi comme une barque vide
dans l’ombre sans bouger
attendant que le passeur endormi
ressoude les deux rives ?
Guy Goffette, Extrait de Éloge pour une cuisine de province

Sometimes I Feel Like A Motherless Child

dimanche 23 septembre 2018

Anthropoglyphes

« J'écris d'oreille. J'émets des figures écrites ou peintes, qui naissent pas poussées, germinations successives; j'ai toujours eu l'impression que nous avions été mis sur terre, non pour être des hommes, mais pour émettre sans cesse des anthropoglyphes. Des signaux d'hommes. »

Valère Novarina, Extrait de Devant la parole

vendredi 14 septembre 2018

Aynur & Morgenland Chamber Orchestra

Ne plus être divisé

« Lorsque j'ai commencé à tenir mon journal, j'avais le besoin de me connaître, soit de m'inspecter, d'explorer ma mémoire et mon inconscient. (...)

Le besoin de me connaître et de naître à moi-même était prépondérant. La question de savoir si ce travail de forage allait mettre en péril la possibilité d'écrire, ne s'est jamais posée. Si elle s'était posée, j'aurais passé outre. Ce qui m'importait, c'était de ne plus souffrir, de n'être plus divisé. C'était de pouvoir m'accepter, adhérer à la vie.

Nous n'avons pas à rejeter notre enfance, notre passé. L'une et l'autre sont constitutifs de notre identité. Ce qu'il faut, c'est les tenir à distance. N'en être plus encombré. »

Charles Juliet, Extrait de Gratitude « Journal IX, 2004-2008 »

samedi 8 septembre 2018

Les plus belles mélodies

« Les plus belles mélodies semblent, dès la première écoute, être des réminiscences. C'est ainsi qu'apparait l'amour. La première fois n'est jamais la première: on ne voit pas l'être aimé, on le revoit. On ne rencontre pas quelqu'un de nouveau, on retrouve quelqu'un de perdu. On ne découvre pas un étranger, on se rejoint en lui. »

Michel Schneider, Extrait de Voix du désir: Eros ou Opéra

vendredi 7 septembre 2018

Les échos d'un monde

« C'est étrange, se sentir de plus en plus en porte-à-faux avec les échos qu'on reçoit du monde, tous ces commentaires qui font peu de cas des vies simples, ordinaires et courageuses, qui mettent en scène une actualité dénuée d'amour et de gestes avec tant de verve qu'on dirait qu'il n'y a plus que l'appel à la révolution qui vaille, alors que moi, je vois tous les jours des gens se battre pour vivre, qui trouvent sens et dignité à cultiver la beauté, le souffle, une certaine joie, qui ouvrent des chemins inédits, qui écrivent, peignent, photographient, cuisinent, oeuvrent, prennent soin, font de leur mieux et davantage, soulagent ce monde d'un poids qui, autrement, le ferait sombrer. »

Jean-Marc Lefèbvre

Ne pas entendre

« Ne pas entendre la sonorité épouvantable, le grondement apocalyptique des actes de terreur, c'est ne reconnaître de victimes que sur le seul versant de ceux que sacrifient les bourreaux. Le ravage est partout car les tueurs sont suicidaires. Il y a dans le nihilisme des terrorisants la rage de l'impuissance, le sombre éclat de la défaite. Le fantasme de surpuissance en est le revers, tant du côté des violences sécuritaires. Chacun pense que seule la force peut tout. Tout ainsi réduits aux rapports de force, où que nous nous tournions, c'est le libre jeu toujours conflictuel de la liberté elle-même qui est devenu à proprement parler inimaginable. »

Marie-José Mondzain, Extrait de Confiscation des mots, des images et du temps

mercredi 5 septembre 2018

Tout tient en un mot

« Quelle est donc, camarades, la nature de notre existence? Regardons les choses en face: Nous avons une vie de labeur, une vie de misère, une vie trop brève. Une fois au monde, il nous est tout juste donné de quoi survivre, et ceux d’entre nous qui ont la force voulue sont astreints au travail jusqu’à ce qu’ils rendent l’âme. Et quand le malheur l’accable, ou la servitude, pas un animal qui soit libre. Telle est la simple vérité. Et doit-il en être tout uniment ainsi par un décret de la nature? Non, camarades, mille fois non! Mais puisque telle est la triste réalité, pourquoi en sommes-nous toujours à végéter dans un état pitoyable? Parce que tout le produit de notre travail, ou presque, est volé par les humains.

Camarades, là se trouve la réponse à nos problèmes. Tout tient en un mot : l’Homme.  »

George Orwell, Extrait de La ferme des animaux

La grande forge

C’était toujours l'exploitation des forges
Avec des tenailles à faire l'amour
Des bras essoufflés d'orgasme
Et la chair de la compréhension
C’était toujours le réveil du délire
Et des brasiers en gerbes sanglantes
De grands brasiers inventés
C’était une vie à défendre
Contre la racine du gel
Contre la plaie des sacrifices
Un long message cellulaire...
… Puis d’autres venaient
Qui nous accusaient de vivre
Guy Allix, Extrait de L'éveil des forges

Le trou de la fée

Le trou de la fée

mardi 4 septembre 2018

Paternel

« Un gouvernement qui serait institué sur le principe du bon vouloir à l'égard du peuple, comme celui d'un père avec ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternel dans lequel les sujets sont contraints, comme des enfants mineurs qui ne peuvent distinguer ce qui est pour eux utile ou pernicieux, de se comporter de façon simplement passive, pour attendre uniquement du jugement du chef de l'État la façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté que celui-ci aussi le veuille; un tel gouvernement constitue le plus grand despotisme concevable. »

Emmanuel Kant, Extrait de Théorie et Pratique

Toutes les plages ne se ressemblent pas

Toutes les plages ne se ressemblent pas