Rechercher sur ce blogue

lundi 25 mai 2015

Feu de joie


En Fin de droits

" Quand on a connu la pauvreté pendant longtemps et qu’elle menace de revenir, notre corps s’en souvient. Je ne t’ai pas oubliée, dit-il, tu reviens avec le froid qui tombe trop tôt ; les bonnes nouvelles, trop tard.

À la banque, on rase nos comptes ; dans les magasins, nos regards descendent vers les étagères du dessous. À la maison, on réduit le chauffage. On se demande comment on va traverser les fêtes de Noël. Le pire pour un pauvre c’est de ne pas pouvoir faire de cadeaux.

Presque quarante ans de vaches maigres, vingt ans de tranquillité ponctués d’inquiétudes dues à ma vie d’artiste, à son statut précaire, et soudain, comme un coup de foudre qui ravage ta maison, tu le perds. Tu as juste de quoi payer les traites et si tu n’as pas d’économies, t’es mort, comme disent les enfants dans les jeux d’enfants.

Mais ce n’est pas un jeu. C’est ta vie qui, jusqu’au retour de la justice, tient à nouveau sur un fil."

Yvon Le Men, Préface de En Fin de droits

Le soleil ne brille pas que pour nous


Au milieu des décombres

Au milieu des décombres naissent toujours des germes. Dans toutes les guerres. Toutes les défaites. Tous les anéantissements. Parce que dans chaque micro seconde de cette vie, tout peut recommencer comme au premier jour du monde. Avec d'autres amants, d'autres matins, d'autres petits bouts d'éternité accrochés aux bords des yeux de ceux qui refont le chemin. Sur tous ces chemins qui se croisent et se perdent et se retraversent à l'infini. Au clair des jours.

Emile Castillejos

Golgotha


samedi 23 mai 2015

La Chute de la maison Usher

« Je secouai de mon esprit ce qui ne pouvait être qu’un rêve, et j’examinai avec plus d’attention l’aspect réel du bâtiment. Son caractère dominant semblait être celui d’une excessive antiquité. La décoloration produite par les siècles était grande. De menues fongosités recouvraient toute la face extérieure et la tapissaient, à partir du toit, comme une fine étoffe curieusement brodée. Mais tout cela n’impliquait aucune détérioration extraordinaire. Aucune partie de la maçonnerie n’était tombée, et il semblait qu’il y eût une contradiction étrange entre la consistance générale intacte de toutes ses parties et l’état particulier des pierres émiettées, qui me rappelaient complètement la spécieuse intégrité de ces vieilles boiseries qu’on a laissées longtemps pourrir dans quelque cave oubliée, loin du souffle de l’air extérieur. À part cet indice d’un vaste délabrement, l’édifice ne donnait aucun symptôme de fragilité. Peut-être l’œil d’un observateur minutieux aurait-il découvert une fissure à peine visible, qui, partant du toit de la façade, se frayait une route en zigzag à travers le mur et allait se perdre dans les eaux funestes de l’étang. »

Edgar Allan Poe, Extrait des Nouvelles Histoires extraordinaires

4047


La Chute de la maison Usher

« Pendant toute la journée d’automne, journée fuligineuse, sombre et muette, où les nuages pesaient lourd et bas dans le ciel, j’avais traversé seul et à cheval une étendue de pays singulièrement lugubre, et enfin, comme les ombres du soir approchaient, je me trouvai en vue de la mélancolique Maison Usher. Je ne sais comment cela se fit, — mais, au premier coup d’œil que je jetai sur le bâtiment, un sentiment d’insupportable tristesse pénétra mon âme. Je dis insupportable, car cette tristesse n’était nullement tempérée par une parcelle de ce sentiment dont l’essence poétique fait presque une volupté, et dont l’âme est généralement saisie en face des images naturelles les plus sombres de la désolation et de la terreur. Je regardais le tableau placé devant moi, et, rien qu’à voir la maison et la perspective caractéristique de ce domaine, — les murs qui avaient froid, — les fenêtres semblables à des yeux distraits, — quelques bouquets de joncs vigoureux, — quelques troncs d’arbres blancs et dépéris, — j’éprouvais cet entier affaissement d’âme, qui, parmi les sensations terrestres, ne peut se mieux comparer qu’à l’arrière-rêverie du mangeur d’opium, — à son navrant retour à la vie journalière, — à l’horrible et lente retraite du voile. »


Edgar Allan Poe, Extrait des Nouvelles Histoires extraordinaires

lundi 11 mai 2015

White Light

“I could compare my music to white light, which contains all colours.” – Arvo Pärt

jeudi 7 mai 2015

Il faut que l’impensable soit pensé

«La mort et le mal nous agressent et nous laissent sans réponse, tout en nous fécondant : il faut que l’impensable soit pensé et lui seul mérite finalement de l’être… Si nous nous unissons au nom de l’impensable, nous nous livrons aux mains de ceux qui pensent à notre place et qui prendront des décisions terribles sans que nous ayons pu exprimer nos doutes, nos interrogations, nos analyses.»