" Quand on a connu la pauvreté pendant longtemps et qu’elle menace de revenir, notre corps s’en souvient. Je ne t’ai pas oubliée, dit-il, tu reviens avec le froid qui tombe trop tôt ; les bonnes nouvelles, trop tard.
À la banque, on rase nos comptes ; dans les magasins, nos regards descendent vers les étagères du dessous. À la maison, on réduit le chauffage. On se demande comment on va traverser les fêtes de Noël. Le pire pour un pauvre c’est de ne pas pouvoir faire de cadeaux.
Presque quarante ans de vaches maigres, vingt ans de tranquillité ponctués d’inquiétudes dues à ma vie d’artiste, à son statut précaire, et soudain, comme un coup de foudre qui ravage ta maison, tu le perds. Tu as juste de quoi payer les traites et si tu n’as pas d’économies, t’es mort, comme disent les enfants dans les jeux d’enfants.
Mais ce n’est pas un jeu. C’est ta vie qui, jusqu’au retour de la justice, tient à nouveau sur un fil."
Yvon Le Men, Préface de En Fin de droits
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