Moi, je viens parler par votre bouche morte. Unissez à travers la terre toutes vos
Silencieuses lèvres dispersées
Et depuis vôtre abîme, durant toute
Cette longue nuit, parlez-moi
Comme si j’étais retenu par la même ancre que vous,
Racontez-moi tout, chaîne après chaîne,
Maillon après maillon, pas à pas,
Affilez les couteaux que vous avez conservés
Mettez-les-moi dans la poitrine et dans les mains
Comme fleuve d’éclairs jaunes
Comme fleuve de tigres enterrés
Et laissez-moi pleurer, des heures, des jours, des ans
Des âges aveugles, des siècles sidéraux.
Donnez-moi le silence, l’eau, l’espérance
Donnes-moi la lutte, le fer, les volcans.
Comme autant d’aimants, suspendez à moi vos corps.
Envahissez mes veines et ma bouche.
Parlez par mes mots, parlez par mon sang.
Pablo Neruda, Extrait de Hauteurs de Macchu-Picchu//Traduit de l’espagnol par Roger Caillois
Poème fascinant , un cri de douleur et d'espérance malgré tout
RépondreEffacerLes poètes de ce coin de pays ont encore le sens du mythe.
RépondreEffacer