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mardi 29 novembre 2016
dimanche 27 novembre 2016
L'art
"L'art était la fusion du monde paternel et maternel, de l'esprit et du sang, il pouvait partir du fait le plus concret et mener au plus abstrait ou bien prendre son point de départ dans le monde des idées pures et trouver sa fin dans la chair pantelante. Toutes les œuvres d'art vraiment hautes...possédaient ce double visage inquiétant et souriant, ce caractère masculin et féminin, ce mélange d'instinct et de pure spiritualité."
Hermann Hesse, Extrait de Narcisse et Goldmund
vendredi 25 novembre 2016
L'intelligence aime
"L'intelligence aime ce qui est fixe, ce qui a forme; elle veut pouvoir se fier à ses signes, elle aime ce qui est, non ce qui est en devenir; le réel, non le possible. Elle ne tolère pas qu'un oméga devienne un serpent ou un oiseau. L'intelligence ne peut pas vivre dans la nature, mais seulement en face d'elle, comme son contraire."
Hermann Hesse, Extrait de Narcisse et Goldmund
jeudi 24 novembre 2016
Une foule de petits oiseaux
"Souvent il rêvait d’un jardin, un jardin enchanté, planté d’arbres comme ceux des contes, avec des fleurs immenses, des grottes bleuâtres et profondes ; parmi les herbes brillaient les yeux étincelants de bêtes inconnues, aux branches glissaient des serpents lisses et nerveux, aux vignes et aux buissons pendaient des baies énormes, humides et brillantes, elles s’enflaient dans sa main qui les cueillaient et versaient un jus pareil à du sang, ou bien prenaient des yeux et se déplaçaient avec des mouvements langoureux et perfides ; sa main cherchait-elle une branche pour s’appuyer à un arbre, il voyait et sentait entre le tronc et la branche une touffe épaisse de cheveux emmêlés comme les poils au creux des aisselles. Une fois, il rêva de lui-même ou de son saint patron, de Goldmund-Crysostome ; il avait une bouche d’or, et de sa bouche d’or sortaient des mots et ces mots étaient une foule de petits oiseaux qui s’en allaient en voltigeant."
Hermann Hesse, Extrait de Narcisse et Goldmund
mercredi 23 novembre 2016
lundi 21 novembre 2016
Écrire le monde
"Je crois, dit-il, qu’un pétale de fleur ou un vermisseau sur le chemin contient et révèle beaucoup plus de choses que tous les livres de la bibliothèque entière. Avec des lettres et des mots on ne peut rien dire. Parfois j’écris une lettre grecque quelconque, un thêta ou un oméga, et je n’ai qu’à tourner un tout petit peu la plume ; voilà que la lettre prend une queue et devient un poisson et évoque en une seconde tous les ruisseaux et tous les fleuves de la terre, toute sa fraîcheur et son humidité, l’océan d’Homère et les eaux sur lesquelles marcha saint Pierre, ou bien la lettre devient un tout petit oiseau, dresse la queue, hérisse ses plumes, se gonfle, rit et s’envole. Eh bien, Narcisse, tu ne fais sans doute pas grand cas de ces lettres-là ? Mais je te le dis, c’est avec elles que Dieu a écrit le monde."
Hermann Hesse, Extrait de Narcisse et Goldmund
Vois
"Vois, dit-il, il n'y a qu'un point où j'aie sur toi l'avantage. J'ai les yeux ouverts, tandis que tu n'es qu'à demi éveillé ou que parfois tu dors tout à fait. J'appelle un homme en éveil celui qui, de toute sa conscience, de toute sa raison, se connait lui-même, avec ses forces et ses faiblesses intimes qui échappent à la raison et sait compter avec elles.Apprendre cela, voilà le sens que peut avoir pour toi notre rencontre. Chez toi, Goldmund, la nature et la pensée, le monde conscient et le monde des rêves sont séparés par un abîme. Tu as oublié ton enfance. Des profondeurs de ton âme elle cherche à reprendre possession de toi. Elle te fera souffrir jusqu'à ce que tu entendes son appel."
Hermann Hesse, Extrait de Narcisse et Goldmund
La gaieté
"La gaieté n'est ni légèreté, ni complaisance envers soi-même, mais le plus haut degré de la connaissance et de l'amour, la lucidité au bord de tous les abîmes."
Hermann Hesse, Extrait de Le Jeu des perles de verre
samedi 19 novembre 2016
L'enjeu de l'éveil
"L'enjeu de l'éveil, c'était, semblait-il, non la vérité et la connaissance, mais la réalité, le fait de la vivre et de l'affronter. L'éveil ne vous faisait pas pénétrer près du noyau des choses, plus près de la vérité. Ce qu'on saisissait, ce qu'on accomplissait ou qu'on subissait dans cette opération, ce n'était que la prise de position du moi vis-à-vis de l'état momentané de ces choses. On ne découvrait pas des lois, mais des décisions, on ne pénétrait pas dans le coeur du monde, mais dans le coeur de sa propre personne. C'était aussi pour cela que ce qu'on connaissait alors était si peu communicable, si singulièrement rebelle à la parole et à la formulation. Il semblait qu'exprimer ces régions de la vie ne fît pas partie des objectifs de langage."
Hermann Hesse, Extrait de Le Jeu des perles de verre
vendredi 18 novembre 2016
La musique classique
"La musique classique est un geste qui signifie : je sais le tragique de la condition humaine, je me rallie à la cause du destin humain, de la vaillance, de la sérénité ! Que ce soit la grâce d'un menuet de Haendel ou de Couperin, que ce soit de la sensualité sublimée en un geste de tendresse, comme chez beaucoup d'Italiens ou chez Mozart, ou encore l'acceptation tranquille de la mort, comme chez Bach, il y a toujours là une bravade, un héroïsme, un esprit chevaleresque et l'accent d'un rire surhumain, d'une gaieté immortelle. C'est cela qui doit vibrer aussi dans nos jeux de Perles de Verre, dans toute notre vie, dans nos actes et dans nos souffrances."
Hermann Hesse, Extrait de Le Jeu des perles de verre
jeudi 17 novembre 2016
mercredi 16 novembre 2016
mardi 15 novembre 2016
lundi 14 novembre 2016
jeudi 10 novembre 2016
mercredi 9 novembre 2016
Au soleil de cinq heures
« au soleil de cinq heures
cette concordance entre
chaque mot et une partie
du rêve que nous cherchons
avec assiduité et détresse »
cette concordance entre
chaque mot et une partie
du rêve que nous cherchons
avec assiduité et détresse »
Marie Uguay, Extrait de Poèmes
mardi 8 novembre 2016
lundi 7 novembre 2016
La moindre lumière
"Il y a tant de ciel entre nous.
Tant de signaux y dérivent
que noyée, la nuit
se retourne sur le flanc.
Nulle nonchalance dans l'air.
Du noir, strié de noir
où doit jaillir un enchantement
les paupières suçant la moindre lumière
l'ocre douceur tombée sous la paume
l'odeur crevée
de l'âge.
Tant de signaux y dérivent
que noyée, la nuit
se retourne sur le flanc.
Nulle nonchalance dans l'air.
Du noir, strié de noir
où doit jaillir un enchantement
les paupières suçant la moindre lumière
l'ocre douceur tombée sous la paume
l'odeur crevée
de l'âge.
Jean-Marc Lefebvre, Extrait de La tentation des armures
L'Outre-vie
"L’outre-vie c’est quand on n’est pas encore dans la vie, qu’on la regarde, que l’on cherche à y entrer. On n’est pas morte mais déjà presque vivante, presque née, en train de naître peut-être, dans ce passage hors frontière et hors temps qui caractérise le désir. Désir de l’autre, désir du monde. Que la vie jaillisse comme dans une outre gonflée. Et l’on est encore loin. L’outre-vie comme l’outre-mer ou l’outre-tombe. Il faut traverser la rigidité des évidences, des préjugés, des peurs, des habitudes, traverser le réel obtus pour entrer dans une réalité à la fois plus douloureuse et plus plaisante, dans l’inconnu, le secret, le contradictoire, ouvrir ses sens et connaître. Traverser l’opacité du silence et inventer nos existences, nos amours, là où il n’y a plus de fatalité d’aucune sorte."
Marie Uguay, Extrait de Poèmes
Face à l'infini
Je suis aveugle
Pourtant, j'ai vu
Un dessin
Une terre nue
J'avance
Dans l'obscurité des couleurs
Il n'y a pas d'obstacle
La musique de la rivière guide mes pas
Moi seule l'entends
Je t'amène jusqu'à l'aurore
Je te regarde danser là
Où tu me rejoins
Nous partageons
Un thé
Dans la toundra
Un réconfort
Face à l'infini
Pourtant, j'ai vu
Un dessin
Une terre nue
J'avance
Dans l'obscurité des couleurs
Il n'y a pas d'obstacle
La musique de la rivière guide mes pas
Moi seule l'entends
Je t'amène jusqu'à l'aurore
Je te regarde danser là
Où tu me rejoins
Nous partageons
Un thé
Dans la toundra
Un réconfort
Face à l'infini
Joséphine Bacon, Extrait de Un thé dans la toundra
jeudi 3 novembre 2016
mercredi 2 novembre 2016
mardi 1 novembre 2016
Les feux de l'aube
" Les photons qui ont allumé les feux de l'aube ont parcouru cent cinquante millions de kilomètres depuis la surface du soleil. Mais la lumière peut elle aussi être ralentie et filtrée. Ce ralentissement est particulièrement spectatculaire dans les entrailles du soleil, où les photons naissent de l'union ardente d'atomes sous pression. Le coeur du soleil est si dense qu'il faut dix millions d'années à un photon pour se frayer un chemin jusqu'à la surface. En cours de route, il est continuellement arrêté par des protons, qui absorbent son énergie, le retiennent un moment, puis libèrent l'énergie sous la forme d'un autre photon, Lorsque le photon s'échappe enfin, après avoir été englué si longtemps dans la mélasse solaire, il file comme une flèche jusqu'à la terre en huit minutes."
David G. Haskell, Extrait de Un an dans la vie d'une forêt
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