"Souvent il rêvait d’un jardin, un jardin enchanté, planté d’arbres comme ceux des contes, avec des fleurs immenses, des grottes bleuâtres et profondes ; parmi les herbes brillaient les yeux étincelants de bêtes inconnues, aux branches glissaient des serpents lisses et nerveux, aux vignes et aux buissons pendaient des baies énormes, humides et brillantes, elles s’enflaient dans sa main qui les cueillaient et versaient un jus pareil à du sang, ou bien prenaient des yeux et se déplaçaient avec des mouvements langoureux et perfides ; sa main cherchait-elle une branche pour s’appuyer à un arbre, il voyait et sentait entre le tronc et la branche une touffe épaisse de cheveux emmêlés comme les poils au creux des aisselles. Une fois, il rêva de lui-même ou de son saint patron, de Goldmund-Crysostome ; il avait une bouche d’or, et de sa bouche d’or sortaient des mots et ces mots étaient une foule de petits oiseaux qui s’en allaient en voltigeant."
Hermann Hesse, Extrait de Narcisse et Goldmund
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