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samedi 18 février 2017

Sanctum Dei


Cristal noir

"Cette pierre est nocturne par excellence, refuge d'une puissance sinistre, originelle, plus dangereuse et plus vraie que celle du jour. Une délectation morose, d'abord avec effroi, bientôt avec complaisance, imagine que ces réverbérations de citerne ont précédé la première aurore et qu'elles brilleront encore d'un éclat domestique, quand tout soleil se sera tu."

Roger Caillois, Extrait de Pierres

Ardoise naturelle


Perpetuum mobile


vendredi 17 février 2017

Bleu

"Pour les Égyptiens comme pour d'autres peuples du Proche et du Moyen- Orient, le bleu est une couleur bénéfique qui éloigne les forces du mal. il est associé aux rituels funéraires et à la mort pour protéger le défunt dans l'au-delà. Souvent le vert jour un rôle voisin et les deux couleurs sont associées.[...]

Plus encore que les Grecs, les Romains voient dans le bleu une couleur sombre, orientale et barbare; ils l'utilisent avec parcimonie."

Michel Pastoureau, Extrait de Bleu : Histoire d'une couleur

Bleu Hoggard


mardi 14 février 2017

Confiscation : Des mots, des images et du temps

"Ne faut-il pas rendre au terme « radicalité » sa beauté virulente et son énergie politique ? Tout est fait aujourd’hui pour identifier la radicalité aux gestes les plus meurtriers et aux opinions les plus asservies. La voici réduite à ne désigner que les convictions doctrinales et les stratégies d’endoctrinement. La radicalité, au contraire, fait appel au courage des ruptures constructives et à l’imagination la plus créatrice. La véritable urgence est bien pour nous celle du combat contre la confiscation des mots, celle des images, et du temps. Les mots les plus menacés sont ceux que la langue du flux mondial de la communication verbale et iconique fait peu à peu disparaître après leur avoir fait subir torsion sur torsion afin de les plier à la loi du marché. Peu à peu c’est la capacité d’agir qui est anéantie par ces confiscations mêmes, qui veulent anéantir toute énergie transformatrice. Si ces propositions font penser que je crois dans la force révolutionnaire de la radicalité, on ne s’y trompe- ra pas, à condition de consentir à ce que la révolution ne peut exister qu’au présent. La lutte n’est et ne sera jamais finale, car c’est à chaque instant que nous sommes tenus d’être les hôtes de l’étrange et de l’étranger pour faire advenir ce qu’on nous demande justement de ne plus attendre et même de repousser. La radicalité n’est pas un programme, c’est, la figure de notre accueil face à tout ce qui arrive et ainsi continue de nous arriver."

Marie-José Mondzain, Extrait de Confiscation : Des mots, des images et du temps

lundi 13 février 2017

High five



Limbus patrum


L’introduction de la temporalité

Les comportements alimentaires devant la télévision sont à la mesure de cette boulimie visuelle. L’enjeu du visible, ce n’est pas l’espace visible, c’est le temps lui-même. À mon sens, la question est de savoir non pas combien de temps on passe devant les écrans, mais de quelle temporalité il s’agit. Est-ce du temps approprié subjectivement par l’histoire du spectateur, ou est-ce la durée inqualifiable d’une désappropriation de soi ? Ira-t-on s’inquiéter du temps passé devant une œuvre d’art ou dans une relation amoureuse ? De quel temps s’agit-il ? Comment l’enfant fait-il l’apprentissage de ses temporalités désirantes et intimes ? L’écrasement de la distension temporelle est une menace pour l’unité sensorielle et psychique de chacun de nous.

Nous construisons une société dans laquelle il est impensable et impossible d’accepter que l’objet de notre désir soit d’autant plus vivant qu’il est inatteignable, qu’aussitôt atteint, il change et aille chercher ailleurs et autrement ce qui le fait vivre. Définir le sujet vivant et désirant comme un sujet insatiable permet de se donner de nouveaux critères dans le jugement que nous portons sur les productions visuelles. En effet, dans une économie de la satiété, ce que l’on voit peut tout promettre et tout donner, et face au désir de voir, prétend tout montrer et ne rien cacher. Tout voir, tout montrer, tout offrir, tout acheter, tels sont les maîtres mots des nouveaux totalitarismes qui veulent combler à la fois le regard et le corps, en ramenant les spectateurs au fantasme originaire de ne faire plus qu’un avec ce qui est tout.

Autrement dit, pour que les instruments audiovisuels, qu’on le veuille ou non, construisent le regard de l’homme moderne sur son propre monde, encore faut-il que nos regards soient éduqués pour continuer à produire la distance et la séparation nécessaires au maintien de ce qui définit l’humanité elle-même. Je veux dire pour que nous restions des sujets parlants, donc désirants, des sujets insatiables partageant un monde commun qui laisse fondamentalement à désirer. La plainte majeure qui habite la dimension dépressive de notre société concerne la vitalité du désir bien plus que la frustration des besoins. La violence civile et l’industrie du divertissement sont les deux réponses inséparables et aggravantes à cet état des choses. L’appétit de vivre est malade et produit les nouvelles pathologies du boire et du manger au cœur de la consommation des spectacles. La parole s’éteint. On ne peut parler la bouche pleine, on le savait déjà.

Marie-José Mondzain, Extrait de « L'appétit de voir », Enfances & Psy, 1/2005 (no26), p. 7-14.

Labyrinthus


jeudi 9 février 2017

La culture

"La culture, mot et concept, est d'origine romaine. Le mot "culture" dérive de colere - cultiver, demeurer, prendre soin, entretenir, préserver - et renvoie primitivement au commerce de l'homme avec la nature, au sens de culture et d'entretien de la nature en vue de la rendre propre à l'habitation humaine (...) Il semble que le premier à utiliser le mot pour les choses de l'esprit et de l'intelligence soit Ciceron. Il parle de excolere animum, de cultiver l'esprit, et de cultura animi au sens où nous parlons aujourd'hui encore d'un esprit cultivé, avec cette différence que nous avons oublié le contenu complètement métaphorique de cet usage."

Hannah Arendt, Extrait de La Crise de la culture

Violeta


Le feu

"Le feu est l'ultra-vivant. Le feu est intime et universel. Il vit dans notre cœur. il vit dans le ciel. Il monte des profondeurs de la substance et s'offre comme un amour."

Gaston Bachelard, Extrait de La psychanalyse du feu

mercredi 1 février 2017

Continuellement

"On a donc raison de dire que ce que nous faisons dépend de ce que nous sommes ; mais il faut ajouter que nous sommes, dans une certaine mesure, ce que nous faisons, et que nous nous créons continuellement nous-mêmes." 

Henri Bergson, Extrait de L'évolution créatrice