« Le rôle du poète n'est-il pas de donner la vie à ce qui se tait dans l'homme et dans les choses, puis de se perdre au coeur de la Parole?
Cette parole qu'un peuple d'ombres se transmet d'une rive à l'autre du temps, il semble qu'une seule voix sans fin la porte et la profère.
Elle seule, dépositaire d'un monde de secrets, tire de notre absence une longue mémoire, dessine dans l'espace la figure de l'Homme et prête à nos hasards la forme du destin...
Mais peut-être, au delà d'elle-même, si nous prêtons l'oreille avec plus de ferveur, pourrons-nous percevoir l'écho de ce qui n'a même plus de nom dans aucune langue.
Les paroles, alors, qu'elle soient transparentes ou opaques, humbles ou chamarées d'images, ne contiendront pas plus de sens qu'un soufffle sans visage qui résonnerait pour lui-même sur les débris d'un temple ou dans un champ superbement désert depuis toujours ignorés des humains.
Ainsi, qu'il laisse un nom ou devienne anonyme, qu'il ajoute un terme au langage ou qu'il s'éteigne dans un soupir, de toute façon le poète disparaît, trahi par son propre murmure et rien ne reste après lui qu'une voix — sans personne. »
Jean Tardieu, Extrait de Une Voix sans personne
Une voix dans le vide
RépondreEffacerUne voix de silence
Une voix oubliée
Une voix sans personne
Juste un murmure perdu
Dans le ruisseau de la vie
Merci de la visite Marie. Bonne semaine.
Effacer