Dans le réel, c’est Spinoza qui a raison: toute détermination est une négation. Toute définition est comme un trait faisant le tour de la chose. Limite. Frontière. Une chose n’apparaît jamais que sur un fond dont elle s’isole, un reste qu’on nie, un infini premier dont on la détache.
Mais dans le rien, c’est l’inverse: toute négation est une détermination. Car il faut un mot pour nier, et ce mot donne sa couleur, sa saveur, en un mot un certain ton au rien. En effet, la négation est toujours l’absence de ce que l’on s’attendait à trouver. C’est pourquoi toute négation nous renseigne sur l’ordre des possibles dans l’objet qui la subit.
Mieux encore: toute négation est un récit. Car l’ordre des possibles usuels qu’elle suppose s’est vu perturbé par un événement qui demeure à expliquer, comme un rien déterminé qui se produit contre toute attente. Ainsi n’est-il point d’attente sans l’imagination de quelque arrivée. Mais alors le rien est tout plein de ce qui n’est pas encore là. Tout est couleur d’attente.
https://jeanpaulgalibert.wordpress.com/2015/10/10/les-couleurs-du-rien-2-toute-negation-est-une-determination/
Aucun commentaire:
Publier un commentaire