Cité soumise au mois de claustration et d'attente
sur tes plafonds creux le cerne des veilleuses
Labyrinthe des nuits polaires
Sol moulu par les murailles
Cité reflétée dans les ravins des vitrines
et sur l'acier de tes temples
Il y a des quartiers d'agitations et d'appels
sans feuillage
Puis des quartiers paisibles protégés par des parasols joyeux
et des toits infranchissables des arbres
Ici des paliers où le jour n'est plus qu'une traînée poudreuse
et d'autres lieux surmontés pleins de volières
avec des avenues laqueuses et des maisons
pareilles à des sanctuaires
Cité divisée en tranchées étanches
mes bras se ferment sur toi
Quel feu d'enfer crépite au fond des ruelles
quand ce ne sont pas les glaciers vainqueurs de février
martelant les fronts
pénétrant les chairs
de leur lame vibrante et bleue
Je marche maintenant
dans la cité
au regard de tes forces
Je suis anonyme
dévisagée dépaysée déviante
seule aux tombes familières des grandes banlieues
dans les convois stridents du soir
Mais ton amour dans la chambre couronnée d'aube
Jour tant d'ombres et d'éclats ensemble
sur la même forteresse
tant de miroitements dans les bourgeons clos
Les paysages léchés par tes yeux
Je te regarde visage
sur le fontispice de la cité
quand tu t'abandonnes
dans les courbes frissonnantes des averses
dans le clair oasis d'un orme
Tu es livide et ivre doucement
de tant d'incertitude
et ta fatigue blanche erre sur mes épaules
comme l'ombre lunaire des fins de siècle
Torse neuf
Captif du plaisir
Maintenant où allons-nous
où
marchons-nous
vers quel lilas île source ou montagne
quelle plage parfaite au sortir des ardentes persiennes
quelle rue mouillée d'azur
vers quel goûter d'orange et de miel
Je marche dans la cité
dévisagée dépaysée déviante
Marie Uguay, Extrait de Poèmes
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