'' L'espoir et la peur sont des fictions suprêmes qui tirent leur force de la syntaxe. Elles sont aussi inséparables l'une de l'autre qu'elles le sont de la grammaire. L'espoir enferme une peur de l'inaccomplissement. La peur a en elle une graine d'espoir, le pressentiment qu'elle peut être surmontée. C'est le statut de l'espoir aujourd'hui qui est problématique. Hormis au niveau du banal et du momentané, l'espoir est une interférence transcendentale. Il est sous-tendu par des présomptions théologico-métaphysiques. Et présomption est à prendre ici au sens strict du mot, lequel connote un investissement éventuellement injustifié, un achat à terme, comme on dit sur les marchés boursiers. ''
George Steiner, Extrait de Grammaires de la création
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