les Immenses Veuves,
et l'Ambidextre Tatoueur de mondes
qu'Il créa de ses yeux
et tatoua de son regard de tournesol,
créa de ses mains, celle de chair et celle du rêve,
créa de sa parole, tatouage de salive sonore,
mondes que, devenu aveugle,
il racheta au silence avec la spirale de ses oreilles
et de la ténèbre lumineuse
avec son toucher de constellation éteinte,
avec des doigts bagués de nombres et de colibris.
La Nuit, le Néant, la Vie,
les Immenses Veuves,
à la lumière des Astres au-penser-d'or,
Emissaires qui se perdirent dans un ciel de nickel,
sans ôter les anneaux de leur message
et l'Ambidextre Tatoueur
aveuglé par la pluie aux yeux de fil.
La pluie brûla le blanc de ses yeux,
les cornées de chaux vive,
devant ceux qui parent la terre de tatouages d'eau,
tatouages errants, navigables,
Tatoueurs fluviaux;
devant ceux qui perlent les champs de poudre larmoyante,
Tatoueurs de la Rosée;
devant ceux qui vont tatouer les plages
avec des buccins, des éponges, des sargasses,
les ossements bourdonnant de la mer,
Tatoueurs d'Océans;
devant ceux qui ravissent en serpentaires
des tatouages qui accourcissent la distance
et éloignent les objets proches,
Tatoueurs de Chemins;
devant les Tatoueurs du Soir,
les mains emplies de bouquets de nuages...
Devant les Tatoueurs de la Nuit,
les mains emplies d'amulettes de feu...
Miguel Angel Asturias, Extrait de Poèmes indiens
Aucun commentaire:
Publier un commentaire