« Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s'étiole dans cette appartenance. Il m'aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m'arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d'une présence, l'excès du réel qui ruine toutes les définitions. Bach est plus qu'un musicien. Soulages est plus qu'un peintre. Rimbaud n'est poète que secondairement, comme les cendres qui retombent en papillons du volcan — ses poèmes. Je reconnais dans ces insensés ce qu'apprend avec effroi le nouveau-né, chaque fois que le visage de sa mère lui réapparaît, crevant la toile de l'air comme le lion le cercle de feu: il y a une réalité infiniment plus grande que toute réalité, qui froisse et broie et enflamme toutes les apparences. Il y a une présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant. »
Christian Bobin, Extrait de Pierre,
"Je cherche le surgissement d'une présence, l'excès du réel qui ruine toutes les définitions"
RépondreEffacerC'est au creux de cette présence irréelle que se love l'âme des vrais artistes et des vrais poètes...
Quelle phrase Marie. J'aurais aimé l'avoir écrite. Il faut vivre et réfléchir à la vie pour dire souffler ce genre de pensée.
EffacerAvec un peu de retard : très bonne année à ma sorcière préférée !
RépondreEffacerJamais de retard pour une retardataire de première comme moi. Bonne et heureuse année Keith. Que du beau et du bon à mon "métaleux" préféré.
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