Rechercher sur ce blogue

lundi 30 mars 2020

Et si demeure

Et si demeure
Autre chose qu'un vent, un récif, une mer,
Je sais que tu seras, même de nuit,
L'ancre jetée, les pas titubant sur le sable,
Et le bois qu'on rassemble, et l'étincelle
Sous les branches mouillées, et, dans l'inquiète
Attente de la flamme qui hésite,
La première parole après le long silence,
Le premier feu à prendre au bas du monde mort.
Yves Bonnefoy, Extrait de Les planches courbes

Traveling Light


dimanche 29 mars 2020

À la verticale

« Je voudrais te dire qu'il n'est pas besoin de savoir pour comprendre, qu'un instinct nous indique plein de vies parallèles qui se propulsent en nous, qui nous prolongent à la verticale, à chaque instant une pensée va puiser hors de tout doute dans un temps aboli où s'apprêtent les parfums, les couleurs et les rythmes. Ce n'est pas du mysticisme, c'est de l'amour. »

Marie Uguay, Extrait de Journal

mardi 17 mars 2020

L'homme apprendra à dessiner

L'homme apprendra à dessiner

Un beau calme

« La porte fermée aux hurlements, face au feu intérieur, la solitude vient, lisse et ronde comme un galet.

Le soleil entre.

La mer roule ses vagues sur le tapis. Un coquillage tombe du miroir et c'est une île heureuse qui apparaît avec son collier de corail bleu. Sur le rivage, l'ample démarche des femmes qui attendent le sel du jour. Le silence prend le large, large et profond silence. Le cœur tangue et bat la vague. La main gouverne, gouverne et repose. Tout repose. »

Roland Giguère, Extrait de La Main au feu

Sur notre île



samedi 14 mars 2020

À la santé des volcans

« Peut-être aussi les volcans viendront-ils nous enseigner à brûler les remparts qui nous cernent et la lave ouvrir la brèche que nous n'aurons pas su ouvrir au jour désigné; mais s'il faut attendre l'éruption, ce sera alors à nos propres risques et, dans ce cas, mieux vaut pour nous la provoquer et s'en rendre maître dès sa naissance. À nous d'ouvrir le feu! C'est alors que nous désignerons aux flots déchirant de la lave les chemins qu'ils doivent prendre et que nous aurons eu le temps de creuser, à la forme de nos désirs. La lave ira où nous voulons qu'elle aille, nous la ferons descendre dans la nuit opaque qui aveugle nos actions, et, quand tout sera fini, cristallisé, refroidi, il n'y aura pas de ruines mais de magnifiques dessins de feu durci qui porteront l'empreinte de l'homme libre. »

Roland Giguère, Extrait de La Main au feu