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mercredi 22 janvier 2025

La genèse des tourbillons

Partout où l'eau en reployant des couches plus rapides sur des couches plus lentes, engendre des cavités, un tourbillon apparaît, qui précipites l'eau dans ces cavités. Si on ralentit le phénomène pour mieux l'observer, on voit la vague s'élever au-dessus du niveau de l'eau, puis sa crête prendre de la vitesse, la dépasser en la recouvrant, et amorcer un enroulement. Nous nous trouvons ici en face de nouveaux principes formateurs : le reploiement et l'enroulement en volute.  

Théodore Schwenk, Extrait de Le Chaos sensible

lundi 20 janvier 2025

À l'aube

À l'aube du XXIe siècle, voilà donc ce que nous pouvons dire à propos de notre étrange et merveilleux univers: tout ce que nous voyons briller dans le ciel — la matière lumineuse dans les cent milliards de galaxies de l'univers observable, contenant chacune cent milliards de Soleils — ne représente qu'une minuscule fraction (0,5 %) du contenu total de l'univers. La matière « ordinaire », faite d'atomes, ne représente que 5 %, dont 0,5 % de matière lumineuse et 4,5 % de matière noire, probablement de l'hydrogène froid dans l'espace intergalactique et de l'hydrogène chaud dans les amas de galaxies. Le reste n'émet aucune sorte de lumière et est constitué de matière noire « exotique » (24 %), de nature encore inconnue, et principalement d'énergie noire (71 %) dont l'identité est tout aussi mystérieuse. Les physiciens font l'hypothèse que la matière noire « exotique » est composé de particules massives nées dès les premières fractions de seconde du big bang. Peut-être le LHC, l'immense accélérateur de particules de Genève, en découvrira-t-il quelques-unes. Quoi qu'il en soit, nous n'avons pour l'instant aucune idée sur ce que sont 95 % du contenu de l'univers ! Le renard de Saint-Exupéry ne croyait pas si bien dire quand il confiait au Petit Prince : « L'essentiel est invisible pour les yeux. »

Trinh Xuan Thuan, Extrait de Désir d'infini

jeudi 16 janvier 2025

Le réel engouffré

chaque fois que l'on ouvre les yeux
qu'un regard naissant embrasse l'arrivée de
    l'aube
la complexe géométrie du monde se recompose
    pour nous
de toutes parts, une toile infinie se tisse à nouveau
ses noeuds se resserrent
d'invisibles ramifications enchaînent notre être
pourtant si fragile
aérien

chaque fois que l'on ferme les yeux
les fils de l'araignée redeviennent vibrations
    cosmiques
ondes ténébreuses
alors la matière s'étiole
    s'abandonne
    se désintègre
l'énergie du vivant se libère
un bref instant
le temps d'une délivrance
puis ultimement
l'insoutenable incertitude anéantit le réel
dévore goulûment les chairs de lumière
engouffre sans pitié
tout ce qui un jour
est né

Alexandre Leboeuf, Extrait de Cérémonies boréales

mardi 14 janvier 2025

Ouvre l'espace

J'ai usé ma vie sur l'asphalte
Des mots me viennent
Dans une langue qui n'est pas la mienne
La nuit, l'innu-aimun
M'ouvre l'espace

Je suis libre
Sur la terre de Papakassik
Je suis libre
Dans les eaux de Missinak
Je suis libre
Dans les airs où Uhuapeu trace une vision
Je suis libre là où Uapishtanapeu
Conserve le feu de mon peuple

Je suis libre
Là où je te ressemble
Joséphine Bacon, Extrait de Un thé dans la toundra