« Notre époque ne tolère pas la fragilité de la vie, la beauté qui ne repose sur rien. On songe à l'Istanbul de Pamuk, ses palais fascinants et vétustes, la majesté du passé qui se dévoile dans l'enchantement du temps. La beauté qui s'incarne dans le pauvre vieillissement des choses. Les rues, avec l'odeur de la mer traversant les maisons, la superposition de différents styles qui subissent la dégradation du temps avec noblesse, le mystère de ces lieux qui n'ont pas de noms, mais qui dans la quiétude de leurs lignes font affleurer les souvenirs, les halls, les escaliers, l'odeur du temps et de la vie, les saisons, les générations. Tout passe; reste l'empreinte, le signe.
Partout sur la planète, on démolit et on reconstruit sans cesse. Nous ne laissons rien en paix. Nous voulons intervenir sur les lieux comme sur les personnes, les coloniser, en réduire le sens à une stratégie de bien être éphémère. Nous reconstruisons au nom d'une morale qui veut ôter le voile de l'apparence, ignorant que derrière, peut-être, ne reste que le néant. »
Roberto Peregalli, Extrait de Les lieux et la poussière; Sur la beauté de l'imperfection
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