Neige, office lent du temps le plus noble,
du temps de neiger des fleurs soulevant les sols
et le pays remonte entre ses bordages blancs
pour entrer dans la primauté du temps d'écouter;
pâleur de la chair touchant l'os de toutes parts,
pâleur du sang dans cet ouragan doux de l'innoncence.
Voici la terre dans sa vêture vaste et voyante,
voici l'esprit dans l'exil extrême de la connaissance.
Neiges, alentissement de paroles dans les langes de songe,
sans image comme la mer, et sans écriture comme le ciels;
ensablement des feux originels par la gravité de la neige
comme une exultation dans la fraîcheur de la lucidité.
La terre est un champ de sarrasin sans odeur,
une mortalité royale remontée aux genoux
— si étroit l'enjeu de Dieu sous ses morts. —
Lente neige, pluie peuplée de papillons morts
pour le repos des paupières couvant des îles de feu;
transhumance de la lumière cherchant une incarnation
comme un amour touchant la surface et la marée des mains.
Saison silenciaire et l'invisible est un attouchement,
le pouvoir des paumes dans la chute noble du signe
et Dieu brille enfin dans cet or intime de l'esprit.
Rina Lasnier, Extrait de L'arbre blanc
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