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samedi 9 janvier 2016

Tu es plus belle que le ciel et la mer

Quand tu aimes il faut partir
Quitte ta femme quitte ton enfant
Quitte ton ami quitte ton amie
Quitte ton amante quitte ton amant
Quand tu aimes il faut partir

Le monde est plein de nègres et de négresses
Des femmes des hommes des hommes des femmes
Regarde les beaux magasins
Ce fiacre cet homme cette femme ce fiacre
Et toutes les belles marchandises

Il y a l’air il y a le vent
Les montagnes l’eau le ciel la terre
Les enfants les animaux
Les plantes et le charbon de terre

Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

Quand tu aimes il faut savoir
Chanter courir manger boire
Siffler
Et apprendre à travailler

Quand tu aimes il faut partir
Ne larmoie pas en souriant
Ne te niche pas entre deux seins
Respire marche pars va-t’en

Je prends mon bain et je regarde
Je vois la bouche que je connais
La main la jambe l’œil
Je prends mon bain et je regarde

Le monde entier est toujours là
La vie pleine de choses surprenantes
Je sors de la pharmacie
Je descends juste de la bascule
Je pèse mes 80 kilos
Je t’aime

Blaise Cendrars, Feuilles de route

7 commentaires:

  1. Il est pas facile d'approche mais vaut le détour.

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  2. Ça date des années 20 ça, je crois, ça mettait un coup de pied au cul à ce que je devais étudier à la fac à l'époque.
    (Les profs spécialistes de 17ème et 18ème étaient emmerdés qu'on lise ça, ils étaient cons. Ils crachaient sur la modernité et cette période de l'entre deux guerres.)
    Merci pour le rappel, je dois aller à la bibliothèque mardi, je repartirai avec un recueil je pense.

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    Réponses
    1. 1914 pour être exacte. On me l'a fait découvrir, je ne suis pas une experte de Cendrars, quelques recueils en ma possession mais j'aime beaucoup l'amplitude qu'il a dans le sens. C'est rare.

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    2. Pas 1924? Je redécouvre, je vais m'y plonger la semaine prochaine.

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    3. Oui, j'ai fais d'autres fouilles, c'est bien 1924. Erreur probable de mon premier lien.

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  3. Mais quel poème, il me fait chavirer, mais je l'aime!
    Merci Mylène pour ce poème que je découvre.

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