« À la question toujours encombrante: qu'est-ce que tu écris en ce moment, je réponds que j'écris sur des fleurs, et qu'un autre jour je choisirai un sujet encore plus mince, plus humble si possible. Une tasse de café noir. Les aventures d'une feuille de cerisier. Mais pour l'heure, j'ai déjà beaucoup à voir: neuf tulipes pouffant de rire dans un vase transparent. Je regarde leur tremblement sous les ailes du temps qui passe. Elles ont une manière rayonnante d'être sans défense, et j'écris cette phrase sous leur dictée: «Ce qui fait événement, c'est ce qui est vivant, et ce qui est vivant, c'est ce qui ne se protège pas de sa perte.» »
Christian Bobin, Extrait de Autoportrait au radiateur
Excellent ! Voyant l'aperçu dans mon blogroll, je savais que c'était de Bobin ! C'était tout à fait spécial, la littérature de cet homme. Loin du diktat éditorial des histoires structurées d'une certaine manière. Je vois, j'aime, j'en parle, si je puis traduire. Aussi simple et innovant que ça. Un grand transporteur d'affects, prodigue de son cœur.
RépondreEffacerIl faut avoir beaucoup souffert, voir extrêmement, pour écrire: «Ce qui fait événement, c'est ce qui est vivant, et ce qui est vivant, c'est ce qui ne se protège pas de sa perte.» Il faut s'en être protégé de sa perte, il faut avoir été mort-vivant un moment pour observer cela. Bobin est un alchimiste hors catégorie.
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