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dimanche 26 juillet 2015

L’usure des os

Dans l’usure des os où dois-je
me rendre sans avoir à donner
la réplique aux ombres mortes ?
M’arrêter sur le seuil d’un livre
pour entendre en moi la voix,
la si belle voix de Jacques Brault ;
écouter comment une musique peut
recueillir en elle la rondeur de l’âme
– tout cela est œuvre de poésie.
Nulle force ne dépasse celle du langage :
nommer habille de lumière un être,
même sombre ; dire donne à voir
dans l’aveuglement ; écrire fait respirer
qui étouffe. L’usure ne m’inquiète guère
quand le temps me laisse goûter aux fruits
de la solitude de l’art. Entendez-vous
au loin, dans le secret alcôve de votre âme,
le si touchant cri – pourtant muet –
de la beauté demeurée invisible ?

Claude Paradis

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