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samedi 30 août 2014

Les mythes

« Les mythes débutent presque toujours par un état de désordre extrême. [...] Toujours et partout on peut résumer la situation initiale en termes d'une crise qui fait peser sur la communauté et son système culturel une menace de destruction orale.

Cette crise est presque toujours résolue par la violence et celle-ci même si elle n'est pas collective a des résonances collectives. [...]

Au paroxysme de la crise, la violence unanime se déclenche. Dans beaucoup de mythes qui nous paraissent les plus archaïques et qui, à mon avis, le sont effectivement, l'unanimité violente se présente comme une ruée en masse plus suggérée que vraiment décrite et qui se retrouve, très évidente, manifeste, dans les rituels. Ceux-ci visiblement reproduisent, nous soupçonnons déjà pourquoi, la violence unanime et réconciliatrice du mécanisme victimaire.

Le protagoniste dans les mythes archaïques, c'est la communauté entière transformée en foule violente. Se croyant menacée par un individu isolé, fréquemment un étranger, elle massacre spontanément le visiteur. On retrouve ce type de violence en pleine Grèce classique, dans le culte sinistre de Dionysos. Les agresseurs se précipitent comme un seul homme sur leur victime. L'hystérie collective est telle qu'ils se conduisent, littéralement, comme avidement les lourdes volutes blanches qui s'élevaient aussitôt comme un seul homme sur leur victime, comme des bêtes de proie. Ils réussissent à déchirer cette victime, ils la déchiquettent littéralement avec leurs mains, avec leurs ongles, avec leurs dents comme si la colère ou la peur décuplait leur force physique. Parfois, ils dévorent le cadavre. Pour désigner cette violence soudaine, convulsive, ce pur phénomène de foule, la langue française n’a pas de terme propre. Le mot qui nous monte aux lèvres est un américanisme, lynchage. »

René Girard, Je vois Satan tomber comme l’éclair

2 commentaires:

  1. Je prendrais quand même le soin de stériliser ma fourche-tte, faudrait pas que la chair morte tombe en plus malade. La violence commise sur un c'est une violence pour tous, c'est en ce sens craindre un juste retour. Faudrait qu'on en soit tous malade de la violence une bonne fois pour toute, du moins on est tous atteint de la maladie de la mort lol puisqu'on meurt, mais disons que j'aimerais qu'on puisse déjà pas se faire cannibaliser par les ahuris qui ne supporte pas l'apport de la différence... passons.... merci pour la réflexion.

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    1. :D Ce que j'ai pu comprendre de Girard c'est que sa pensée est basée sur le sacrifice donc, normal que son discours s'oriente autour de la violence. Mais le sacrifice n'était pas instauré au début de la naissance de l'humanité donc, il y aurait eu autre chose avant qui aurait été celui du don non conscient. Bref... je ne cautionne pas tout chez lui mais en ces temps fous, ses propos raisonnent drôlement.

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