« J'émerge de ma trilogie islandaise. Entouré de soleil après des heures et des heures Entre ciel et terre à lire la Tristesse des anges tombée en gros flocons pendant des semaines, juste avant l'arrivée de leur printemps encore plus soudain et bref que le nôtre. Ce matin, vers six heures, j'ai entrepris le dernier tome: Le cœur de l'homme. Que je viens de terminer dans une grotte où le Gamin et une jeune femme à la chevelure si rousse qu'elle se voyait à travers les monts et les vallées se préparent à mourir... Moi, j'étais dans le parc sur un banc raide. C'était rempli de gens et de groupes dont aucun ne pouvait savoir que j'étais en Islande au bord de la Mer glaciale.
J'ai l'impression de revenir, d'avoir été là et d'être de retour. Ces romans, ce sont un peu les Morts qui, d'une sorte de purgatoire un peu étrange ou tout simplement de la mémoire, le racontent. Leur voix apparaît dans quelques rares chapitres, brefs. Hier, j'ai affronté une tempête de neige pendant deux cents pages, sinon plus. Ça fait longtemps, trop?, que je n'avais lu que pour moi, sans penser à rien d'autre. Trop anxieux que cela mène à quelque chose sans doute, que cela serve une cause ou un projet. La lecture est rare dans ces livres, mais partout aussi. Le Gamin réalise qu'elle ne rend pas les gens meilleurs, ni pire.
Avec l'été arrive le Dehors. Je dois être Islandais, où Il est le plus souvent une terrible aventure avec le destin. Il y a de belles lettres aussi dans ces livres. Surtout ce qu'était une lettre dans une époque illettrée, où le postier passait quand le climat le permettait, pas souvent. Tout est rare dans ces livres: la chaleur, la lumière, la tendresse, sauf la musique d'une prose méditative, grave. Ça donne au moindre baiser, au plus petit effleurement d'une main, à la blancheur d'une nuque, à une virilité nue, le lustre d'exceptions miraculeuses. Un monde où le moindre signe de la chair réveille tout. »
Luc Gauvreau
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