Aujourd’hui, le sacré s’attache à des valeurs personnelles, qui ne sont plus un facteur de cohésion sociale car, lorsqu’il n’a disparu, le sacré est devenu mystique, effusion intime de créature à créateur, et incapable de brasser l’ensemble d’une société. Seule la guerre, désormais, assure dans les sociétés modernes et fortement centralisées autour d’appareils étatiques importants, le rôle de régénération. Ses aspects paroxystique, outrageux et sacrificatoire l’apparentent à la fête antique et l’investissent d’une dimension sacrée, propre à exercer sur les âmes une fascination profonde et durable, telle que l’illustrent les récits de combattants qui assimilent la guerre à une fête noire, à une initiation à une réalité supérieure où se manifestent la fascination du brasier et l’horreur d’une lente déchéance.
Roger Caillois, Extrait de L'homme et le sacré
Aucun commentaire:
Publier un commentaire