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mardi 30 juin 2015
Être souterrain
"Dans ce livre on trouve au travail un être “souterrain”, de ceux qui forent, qui sapent, qui minent. On le voit, à condition d'avoir des yeux pour un tel travail des profondeurs, — on le voit progresser lentement, prudemment, avec une douceur inflexible, sans trahir à l'excès la détresse qui accompagne toute privation prolongée de lumière et d'air; on pourrait même le dire satisfait d'accomplir ce sombre travail. Ne semble t-il pas qu'une sorte de foi le conduise, de consolation le dédommage ? Que, peut-être, il désire connaître de longues ténèbres qui ne soient qu'à lui, son élément incompréhensible, secret, énigmatique, parce qu'il sait ce qu'il obtiendra en échange : son propre matin, sa propre rédemption, sa propre Aurore ?..."
Friedrich Nietzsche, Extrait de Aurore
lundi 29 juin 2015
samedi 27 juin 2015
Fendre l'espace commun
"Nous avions l'illusion de fendre cet espace inconnu à mesure que nous allions le parcourant, comme si, avant nous, il n'y eût eu autre chose qu'un vide imminent que notre présence peuplait d'un paysage humain, mais, une fois que nous l'avions laissé derrière nous, dans cet état de somnolence hallucinée que nous dispensait la monotonie du paysage, nous constations que l'espace dont nous pensions être les fondateurs avait toujours été là et qu'il consentait seulement à se laisser traverser avec indifférence, sans rien garder de nos empreintes et dévorant même celles que nous y avions laissées exprès afin d'être reconnus de ceux qui viendraient après nous. Chaque fois que nous débarquions, nous étions comme un fourmillement fugitif sorti du néant, une fièvre éphémère qui miroitait quelques moments au bord de l'eau et après s'évanouissait."
Juan José Saer, Extrait de L'Ancêtre
Des filaments étincelants
"Du ciel, tombent des filaments étincelants, blancs à s'en abîmer les yeux. Je mets mes lunettes de soleil. Ils sont si nombreux qu'on dirait une part du ciel, ils ne tombent pas, ils dérivent. Je me souviens des filandres de mon enfance, que ma mère appelait les fils de la vierge, ces fils immaculés et longs qui volaient dans les beaux jours d'automne, transportant de minuscules araignées migrantes. Les voyageuses comptaient sur les courants d'air pour les emporter un peu plus loin, avant d'abandonner les fils derrières elles, emmêlés aux haies, aux herbes, aux fleurs, aux broussailles, mais elles n'allaient jamais jusqu'en ville. Est-ce moi, en descendant, qui les ai déplacées jusque-là, est-ce nous, habitants des amonts, qui les emmenons dans nos sillages quand nous descendons nos cours, quand nous rejoignons les plats. Je m'imagine arriver ici suivie d'une traîne collante et brillante, échevelée par le vent de la vitesse automobile, j'essaie de me représenter toutes ces queues de comètes arachnéennes accrochées à nos petites Panda, dispersées dans l'air au moindre coup de frein. Mais sérieusement, d'où viennent tous ces fils d'araignée. Ce n'est même pas l'automne."
Emmanuelle Pagano, Extrait de Ligne & Fils, Trilogie des rives I
vendredi 26 juin 2015
Insaisissable
Tu es insaisissable de mes mains anciennes, si liées
Pourtant je te connais, et je t’aime
Les forêts closes de la vie, un éclair renoue là-haut
Ces mousses d’eau sur ton rire difficile
L’éveil des chairs odorantes
Attise en vain le brasier du cœur toujours plus irréel
Affreuses nostalgies me prennent
D’une maison toute simple aux lisières de l’ignorance
Des mots que j’aimerais de leur sève originaire
Remplie de tièdes ivresses
Ô libère le pardon des guerres incomprises à l’homme !
Le matin sans musique des piliers pourris
L’espoir se métamorphose aux claires sonorités du sol
Moi exilé dans un signe anonyme
Au creux des alchimies souterraines
Rappelle-toi, le feu libre incarne pour notre amour
Des géométries invisibles, mais sans trahison
Loin de l’être meurtri
Le passé m’oublie dans une figure de neige brusque
J’aurai tes yeux à toi pour épouser ce paysage distant.
Pourtant je te connais, et je t’aime
Les forêts closes de la vie, un éclair renoue là-haut
Ces mousses d’eau sur ton rire difficile
L’éveil des chairs odorantes
Attise en vain le brasier du cœur toujours plus irréel
Affreuses nostalgies me prennent
D’une maison toute simple aux lisières de l’ignorance
Des mots que j’aimerais de leur sève originaire
Remplie de tièdes ivresses
Ô libère le pardon des guerres incomprises à l’homme !
Le matin sans musique des piliers pourris
L’espoir se métamorphose aux claires sonorités du sol
Moi exilé dans un signe anonyme
Au creux des alchimies souterraines
Rappelle-toi, le feu libre incarne pour notre amour
Des géométries invisibles, mais sans trahison
Loin de l’être meurtri
Le passé m’oublie dans une figure de neige brusque
J’aurai tes yeux à toi pour épouser ce paysage distant.
Gatien Lapointe, Otages de la joie
Le réel n’est pas ce que je vois
Le réel n’est pas ce que je vois, parce que je ne vois pas ce qui est là (pourtant bien là). Je ne vois rien du tout de ce qui est là. — Ce que j’appelle l’effet de réel, c’est quand je vois ce qui est là. Cela m’arrive. — Soit dans la "réalité" (immédiatement), soit dans une œuvre, par exemple en écoutant un morceau de musique, regardant un tableau ou un film, lisant un poème ou une page de roman. — Je n’ai jamais pu admettre qu’une œuvre soit moins "réelle" que la "réalité". On appelle souvent poésie l’œuvre où se produit un effet de réel : qui fait qu’on accède au réel, une sorte d’"illumination" ou je ne sais pas quoi qui fait qu’on voit, et que soi-même on devient réel, on est, on ne souffre plus du "trop peu de réalité", et c’est l’harmonie des Navahos ou la vie unitive des bouddhistes : le réel… On peut appeler poésie l’acte créateur qui constitue cette œuvre et donne à travers elle accès au réel… Souvent faut-il l’intercession d’un créateur pour voir ce qui est.
Les peupliers de Monet sont là et les vieux souliers de Van Gogh, les rochers de Cézanne, on apprend à voir en regardant ces tableaux ; et la musique de Bach, de Nielsen ou de Schnittke, on apprend à entendre la musique du monde. Le monde est là et un talus de Rimbaud est là, un ciel de Pierre Jean Jouve ; et Thomas Hardy ou Bernanos, Dostoïevski nous montrent des hommes et des femmes réels, et quand on lit Soleil hopi de Talayesa il y a des parois rocheuses qui sont là vraiment, présentes verticalement. — L’art n’a pas d’autre message. Ou s’il en a d’autres, ils n’appartiennent pas au même plan (plan du réel), le seul message de l’art, c’est que le réel est là, qu’il faut seulement tomber de le voir, comme qui dirait, et on est dans l’harmonie, ou l’acuité ou l’évidence, je ne sais pas comment vous appelleriez ça.
Ivar Ch’Vavar, Travail du poème
Portraits croisés d'un destrier céleste
« La nébuleuse de la Tête de Cheval mesure environ deux années-lumière (soit vingt mille milliards de kilomètres) et se situe à environ 1600 années-lumière de la Terre, dans l’une des régions les plus jeunes de la Voie lactée. Là-bas, des milliers d’étoiles naissent actuellement, pratiquement sous nos yeux, enveloppées dans les langes nébuleux desquels elles émergent lentement. Parmi ces étoiles naissantes, les plus brillantes d’entre elles, des supergéantes bleues, vingt à trente fois plus massives que le Soleil et brillant dix à cent mille fois plus que lui, illuminent et chauffent le gaz autour d’elles. Leur souffle puissant modèle et sculpte les nébuleuses qui sont à leur portée. C’est ainsi que le couple d’étoiles supergéantes Sigma Orionis, situé à une quinzaine d’années-lumière seulement de la nébuleuse de la Tête de Cheval, noie celle-ci dans son rayonnement aveuglant. Le gaz, de l’hydrogène principalement, qui environne la nébuleuse est chauffé, ionisé par Sigma Orionis ; c’est d’ailleurs cet éclairage stellaire qui rend la Tête de Cheval visible, en ombre chinoise devant les nuées enflammées d’Orion…Mais la science, si elle nous révèle les merveilles du monde, parfois, aussi, le désenchante. Ainsi, jusqu’à ces dernières années, pouvait-on rêver à ce que dissimulaient les volutes opaques de la Tête de Cheval… Derrière ces rideaux de velours noirs, se cachait-elle une étoile à naître ? L’aspect compact et dense de la nébuleuse pouvait le laisser espérer. Mais il n’en est rien, comme l’ont révélé, petit à petit, les télescopes capables de percer les nuées gazeuses de la Tête de Cheval, et regarder à travers elle… Pour cela, les astronomes utilisent le rayonnement infrarouge, auquel la plupart des nébuleuses sont transparentes. Sur les deux photomontages qui illustrent cet article, trois images montrent la nébuleuse telle qu’elle apparaît dans le rayonnement visible, à gauche, et dans l’infrarouge, à droite. Le premier photomontage, en haut, montre des images du Very Large Telescope européen de 8 mètres de diamètre (à gauche), vers 0,5 micron de longueur d’onde, du télescope infrarouge Vista de 4 mètres (au centre), vers 1,3 micron de longueur d’onde et enfin du télescope spatial Hubble de 2,4 mètres, vers 1,6 micron. Sur les images de Vista et Hubble, la nébuleuse, transparente, se montre telle qu’est elle : vide. Les étoiles d’arrière-plan apparaissent, aucune trace d’embryon stellaire n’est visible, le ténébreux destrier céleste est stérile…
Stérile et mortel. Regardez-mieux : le fin liseré lumineux qui longe la Tête de Cheval, c’est son « front d’ionisation » : c’est là que le puissant rayonnement ultraviolet des étoiles de Sigma Orionis, progressivement, vaporise le gaz. Lentement mais sûrement, la nébuleuse de la Tête de Cheval se dilue dans l’espace interstellaire. Dans quelques millions d’années, elle aura disparu. »
Serge Brunier, Extrait de http://www.science-et-vie.com/2013/05/portraits-croises-dun-destrier-celeste/
mercredi 24 juin 2015
lundi 22 juin 2015
La grande marée
Un colosse aux pieds d'argile surveille la frontière. Des gosses aux mains fragiles jouent avec la poussière. Des veuves aux longs doigts fébriles distillent le thé. Un vieillard au regard tranquille sort de la fumée. Un roi perclus de solitude sur son trône dérisoire. Un café, une pendule, un bout de trottoir. Un réveil sinistre et drôle sur l'épaule d'un ouvrier qui s'en va au bout du môle, vers l'éternité Les enfants qui jouent à l'ombre des matraques. Le temps qu'il fait, six mois de prison à Maniac. Une étoile est tombée dans ma guitare. Si j'étais croyant, ce serait un don du ciel. Les rues n'ont plus de recoins, plus d'angles morts, ça facilite les rapports de force. Il n'y a plus d'amoureux, plus de bancs publics. Nous sommes éternellement bronzés. Notre vocabulaire est réduit à 50 mots. Nous branchons nos sexes dans le secteur et nos spermatozoïdes sont calibrés et placés dans des banques. Ils servent de monnaie d'échange aux eunuques qui nous gouvernent. Notre société d'abondance fait merveille, il n'y a plus qu'un classe, quoiqu'en y réfléchissant bien il y en a une autre mais il est déconseillé de réfléchir. Nous ne faisons plus jamais l'amour, sauf de temps en temps avec les gardiens qui nous surveillent. Le mien est frigide. C'est la grande marée, la grande marée, la grande marée. La grande marée, la grande marée, la grande marée...
Bernard Lavilliers
dimanche 21 juin 2015
Il suffirait de s'installer
"Il suffirait de s'installer dans une ville, n'importe laquelle, pourvu que son murmure couvre celui de l'esprit. Il suffirait d'attendre comme quelqu'un qui serait assis dans un immeuble en feu. Se laisser dévorer. On n'écrit jamais que sur des cendres."
Philippe Rahmy, Extrait de Béton armé
samedi 20 juin 2015
vendredi 19 juin 2015
Sinabung
Je regarde s'allumer les volcans pendant que le monde dort au gaz par manque de feu. Hier le Sinabung, aujourd'hui le Mont Shindake. Des noms de brioches à la cannelle. Et toi, tu portes le silence du monde devant la terre qui tremble pis des feux de Bengale sous la langue. À chaque minutes en écho à ton rien, une bouche se ferme sur les frictions terrestres. Dis-moi donc quand les étoiles vont sacrer le camp.
Prunes violettes
Je lis noté sur un cahier à coté de moi, prunes violettes, bourse d'ecclésiastique, poire pour la guêpe, l'hydre mûrier, cerbère aux tiges de verre, n'a pas eu d'états d'âme quand il a vu la page blanche de mes cuisses, a griffonné douloureusement à l'encre violette des formules cabalistiques, se servant des grains de beauté comme autant de points sur ses i.
Véronique Tissot
jeudi 18 juin 2015
lundi 15 juin 2015
vendredi 12 juin 2015
jeudi 11 juin 2015
Le mot
« La grande ressource de Maeterlinck est le mot. Le mot est une résonance intérieure. Cette résonance intérieure est due en partie (sinon principalement) à l’objet que le mot sert à dénommer. Mais si on ne voit pas l’objet lui-même, et qu’on l’entend simplement nommer, il se forme dans la tête de l’auditeur une représentation abstraite, un objet dématérialisé qui éveille immédiatement dans le « cœur » une vibration. Ainsi l’arbre vert, jaune, rouge dans la prairie n’est qu’un cas matériel, une forme matérialisée fortuite de l’arbre que nous ressentons au son du mot, arbre. L’emploi habile (selon l’intuition du poète) d’un mot, deux fois, trois fois, plusieurs fois rapprochées, peuvent aboutir non seulement à une amplification de la résonance intérieure, mais aussi à faire apparaître certaines capacités spirituelles insoupçonnées de ce mot. Enfin, par la répétition fréquente (jeu auquel se livre la jeunesse et que l’on oublie plus tard) un mot perd le sens extérieur de sa désignation. De même se perd parfois le sens devenu abstrait de l’objet désigné et seul subsiste, dénudé, le son du mot. Inconsciemment nous entendons peut-être ce son « pur » en consonance avec l’objet, réel ou ultérieurement devenu abstrait. Dans ce dernier cas cependant, ce son pur passe au premier plan et exerce une pression directe sur l’âme ».
Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier
mardi 9 juin 2015
Collision continentale
Une orogène résulte de la collision entre deux lithosphères continentales, collision au sens d'une convergence plus rapide d'un facteur 2 à 5 par rapport à une vitesse de déplacement horizontal typique (de l'ordre de quelques cm/an dans le référentiel des points chauds pour la tectonique des plaques). Quand deux plaques continentales de même nature et de même densité se rencontrent, le moteur du mécanisme se bloque. Il n'est pas assez puissant pour faire plonger l'une des plaques dans l'asthénosphère à cause de leur faible densité. Les deux plaques se soudent pour n'en former qu'une seule.
Il faut noter que pendant la collision, le matériel sédimentaire est transporté en hauteur pour former des chaînes de montagnes où les roches sont plissées et faillées. La collision conduit au raccourcissement de l'écorce terrestre. Au contact des deux lithosphères continentales, la compression provoque des raccourcissements horizontaux, et donc des épaississements verticaux, première cause de création de reliefs, notamment avec des plissements. Souvent, après quelques millions d'années d'un tel régime de déformation, l'une des lithosphères monte en chevauchement au-dessus de l'autre, provoquant un redoublement crustal, seconde cause de création de relief, mais aussi des déplacements horizontaux relatifs beaucoup plus importants. Des volumes de matériaux importants peuvent être translatés sous la forme de nappes de charriage, le plus souvent impliquant essentiellement les couvertures sédimentaires décollées de leurs socles.
Pendant la durée de cette convergence, la limite des plaques qui modélisent ces lithosphères devient diffuse, lesquelles perdent aussi plus ou moins leur rigidité horizontale (déformations horizontales diffuses à l'échelle continentale). Dans cette situation, à l'échelle géographique de ces déformations continentales et pendant la durée de la collision, en général de l'ordre de quelques dizaines de millions d'années, le modèle de la tectonique des plaques ne peut plus s'appliquer localement.
La citerne étroite nommée «Pensée»
Lettre aux Recteurs des Universités Européennes par Antonin Artaud
Monsieur le Recteur,
Dans la citerne étroite que vous appelez "Pensée",les rayons spirituels pourrissent comme de la paille. Assez de jeu de langue, d’artifices de syntaxe, de jonglerie de formules, il y a à trouver maintenant la grande Loi du coeur, la Loi qui ne soit pas une loi, une prison, mais un guide pour l’Esprit perdu dans son propre labyrinthe. Plus loin que ce que la science pourra jamais toucher, là où les faisceaux de la raison se brisent contre les nuages, ce labyrinthe existe, point central où convergent toutes les forces de l’être, les ultimes nervures de l’esprit. Dans ce dédales de murailles mouvantes et toujours déplacées, hors de toutes formes connues de pensée, notre Esprit se meut, épiant ses mouvements les plus secrets et spontanés, ceux qui ont un caractère de révélation, cet air venu d’ailleurs, tombé du ciel.
Mais la race des prophètes s’est éteinte. L’Europe se cristallise, se momifie lentement sous les bandelettes de ses frontières, de ses usines, de ses tribunaux, de ses universités. L’Esprit gelé craque entre les ais minéraux qui se resserrent sur lui. La faute en est à vos systèmes moisis, à votre logique de 2 et 2 font 4, la faute en est à vous, Recteurs, pris au filet des syllogismes. Vous fabriquez des ingénieurs, des magistrats, des médecins à qui échappent les vrais mystères du corps, les lois cosmiques de l’être, de faux savants aveugles dans l’outre-terre, des philosophes qui prétendent à reconstruire l’Esprit. Le plus petit acte de créations spontanée est un monde plus complexe et révélateur qu’une quelconque métaphysique.
Laissez-nous donc, Messieurs, vous n’êtes que des usurpateurs. De quel droit prétendez-vous canaliser l’intelligence, décerner des brevets d’esprit ? Vous ne savez rien de l’Esprit, vous ignorez ses ramifications les plus cachées et les plus essentielles, ces empreintes fossiles si proches des sources de nous-mêmes, ces traces que nous parvenons parfois à relever sur les gisements les plus obscurs de nos cerveaux.
Au nom même de votre logique, nous vous disons : la vie pue, Messieurs. Regardez un instant vos faces, considérez vos produits. A travers le crible de vos diplômes, passe une jeunesse efflanquée, perdue. Vous êtes la plaie d’un monde, Messieurs, et c’est tant mieux pour ce monde, mais qu’il se pense un peu moins à la tête de l’humanité.
Antonin Artaud
("La révolution surréaliste" n° 3 – 1925)
lundi 8 juin 2015
La prière des cimes
Je crois au poète, au rêveur, au chasseur d’éphémère, à l’esprit de la pierre,
au souffle de l’obscur, à la parole de l’astre, aux lustres célestes,
je crois aux chemins de parole , aux reflets de la lumière.
Je crois à la sève d’un trait, aux murmures de l’ombre, à l’étoffe de l’onde,
au divan de la terre, à la danse de la flamme, à l’écorce des eaux,
à l’envol de la note, à l’esprit de la plume, aux rivages du ciel, aux flots de l’image,
au fracas de la page, aux voiles des nuages, à l’écriture de la main.
Je crois à la fraternité des mondes et aux paupières de leur passage.
Le rêve ne connaît ni longueur, ni poids.
Il trouve sa mesure dans le rythme de notre pas.
Je crois au cristal de la chair, au feuillage du silence, au miel de l’aube,
aux veines du marbre, à la crinière des torrents, à la palette des vents,
à l’oeil du pigment, aux parfums des miroirs, aux fenêtres du verbe,
à la lave du geste, à la caresse du chant,
et au sourire d’un enfant sur l’ouvrage du temps.
La conscience du jour offre à la nuit sa profondeur.
C’est cette empreinte que l’on ressent dans les palpitations de notre coeur,
que l’on entend nous traverser et qui nous révèle l’ incroyable immensité de nos possibilités.
Je crois en tout ce qui, depuis toujours, espère en l’être.
La promesse que contient ce qui se crée est le repère de ce voyage.
J’entends le rêve en tout ce qui nous reconnaît.
Je marche et ne suis qu’une empreinte donnée,
Je cherche et poursuivrai le rêve à en créer.
Je crois en ce que je saurai voir mais ne peut l’espérer sans y croire.
Le poète quête le rêve et porte sa route au sommet de son être.
au souffle de l’obscur, à la parole de l’astre, aux lustres célestes,
je crois aux chemins de parole , aux reflets de la lumière.
Je crois à la sève d’un trait, aux murmures de l’ombre, à l’étoffe de l’onde,
au divan de la terre, à la danse de la flamme, à l’écorce des eaux,
à l’envol de la note, à l’esprit de la plume, aux rivages du ciel, aux flots de l’image,
au fracas de la page, aux voiles des nuages, à l’écriture de la main.
Je crois à la fraternité des mondes et aux paupières de leur passage.
Le rêve ne connaît ni longueur, ni poids.
Il trouve sa mesure dans le rythme de notre pas.
Je crois au cristal de la chair, au feuillage du silence, au miel de l’aube,
aux veines du marbre, à la crinière des torrents, à la palette des vents,
à l’oeil du pigment, aux parfums des miroirs, aux fenêtres du verbe,
à la lave du geste, à la caresse du chant,
et au sourire d’un enfant sur l’ouvrage du temps.
La conscience du jour offre à la nuit sa profondeur.
C’est cette empreinte que l’on ressent dans les palpitations de notre coeur,
que l’on entend nous traverser et qui nous révèle l’ incroyable immensité de nos possibilités.
Je crois en tout ce qui, depuis toujours, espère en l’être.
La promesse que contient ce qui se crée est le repère de ce voyage.
J’entends le rêve en tout ce qui nous reconnaît.
Je marche et ne suis qu’une empreinte donnée,
Je cherche et poursuivrai le rêve à en créer.
Je crois en ce que je saurai voir mais ne peut l’espérer sans y croire.
Le poète quête le rêve et porte sa route au sommet de son être.
Astrid Shriqui Garain
L'obscurité n'était pas totale: il régnait une pénombre propice
Le clair-obscur (italien « Chiaroscuro ») est une pratique artistique permettant de produire sur le plan de l'image des effets de relief par la reproduction des effets de l'ombre et de la lumière sur les volumes perceptibles dans l'espace réel. Elle consiste, en général, à réaliser des gradations de couleur sombre sur un support plus ou moins clair mais parfois, à l'inverse, par des couleurs claires sur un support sombre. Dès le début du XVIe siècle le dessin en clair-obscur s'effectue sur un papier teinté en demi-teinte, et pour les parties les plus claires avec des rehauts clairs. Lorsque le clair-obscur s'effectue sans transition perceptible, par des gradations fondues on parle, depuis Léonard de Vinci qui en fut l'initiateur, de sfumato. Lorsque des parties claires côtoient immédiatement et sans dégradé des parties très sombres, créant des effets de contrastes parfois violents, et que l'ombre domine l'ensemble du tableau on parle de ténébrisme pour qualifier cet effet de style. Le procédé du clair-obscur a été mis au point dès la Renaissance, mais porté à son effet maximum par Le Caravage et ses suiveurs, puis par des peintres des écoles du nord, notamment Rembrandt.
dimanche 7 juin 2015
jeudi 4 juin 2015
mercredi 3 juin 2015
Quatre heures du matin
Quatre heures du matin
Heure de la nuit au jour
Heure du flanc droit au gauche
Heure pour avant la trentaine.
Heure balayée sous le chant des coqs.
Heure où la terre semble nous chasser.
Heure où nous glace le souffle des étoiles éteintes.
Heure de qu'est-ce qui restera-bien-de-nous.
Heure vide,
sourde, aride.
Fond du fond de toutes les autres heures.
Personne n'est vraiment bien à quatre heures du matin.
Si les fourmis sont bien à quatre heures du matin
Bravo les fourmis. Mais que viennent vite cinq heures
Si tant est que nous devons survivre.
Heure de la nuit au jour
Heure du flanc droit au gauche
Heure pour avant la trentaine.
Heure balayée sous le chant des coqs.
Heure où la terre semble nous chasser.
Heure où nous glace le souffle des étoiles éteintes.
Heure de qu'est-ce qui restera-bien-de-nous.
Heure vide,
sourde, aride.
Fond du fond de toutes les autres heures.
Personne n'est vraiment bien à quatre heures du matin.
Si les fourmis sont bien à quatre heures du matin
Bravo les fourmis. Mais que viennent vite cinq heures
Si tant est que nous devons survivre.
Wisława Szymborska, De la mort sans exagérer, 1957
mardi 2 juin 2015
Pour Nazca la pure et Lhassa disparue
Éternuons-nous dans une éternelle danse de poussière d'étoiles
Que notre âme arrache les corps terrestres pour briser l'opaque tectonique
Que nous puissions sentir la chaleur atomisant nos intérieurs
Dans une implosion de saveurs libératrices
Écartons définitivement l’incontinent qui dort
Dans une fosse de subduction séductrice
Et mangeons la croûte océanique
Enfilons notre manteau supérieur
Glissons sur les plaques lithosphériques
Entreprendre le processus d'orogenèse
En évitant les zones de divergence
Fuir les systèmes de failles
De collisions et de coulissages
Qui depuis l'Hadéen primaire
Nous éloignent entre des mers isolatrices
Stéradians notre superficie intérieur
Et fit disparaître la plaque Lhassa
Soyons des plaques Phoenix
Et renaissons de nos cendres
P.G.P.
lundi 1 juin 2015
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