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mercredi 15 mai 2024

Petit, grandiose, sale

« Petit, grandiose, sale, immense, élevé, cancéreux, le monde, effrayant et fracassant, et aussi mesuré et délicat, le monde, à la mesure et à la démesure de l’homme, réduit aux signes, brisant les signes, facile à imiter, facile à rendre fou, le monde, la terre, la vie, les arbres aux petites branches, les oiseaux, les feuilles, les plaques de boue, les marais, les crapauds assis, les blancs calices, les mouches moustiques, le monde, les armées de fauves, le sang épais, noir, âcre, luisant, qui sèche en croûtes et qui nourrit les espèces voraces, le monde, les mouvements de lumière et les glissements des atomes, les bombardements du soleil et les trous dans l’espace, tout, absolument tout me frappe, me pétrit, m’humilie, me jette face contre terre, […] le monde où jamais ne viendra la réponse à l’ignoble question : ‘Et après? Et plus loin? Et plus tard?’ »

J.M.G. Le Clézio, Extrait de L’extase matérielle

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