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jeudi 9 mai 2024

J'arrive à la ville

Voilà un temps irrégulier
en trajectoires d'or et de rose
indispensable à ma rêverie accoutumée
un temps inégal et baroque
avec de grandes bouffées
proches de la pluie
lors des nuits édentées de juillet

Les blessures étaient faciles
à force de tant de douceur salvatrice
maintenant nous ne pourchassons plus
aucun épanchement de l'atmosphère
avant le seuil limbé de nos silences

Je vous désir de nulle part
d'aucun mot décisif
mais d'une supplication invisible
où convergent tous les sentiments exaltés

Ô l'inutile quand tout se disloque et s'émeut
lorsque quelques propos s'entachent d'incertitude et d'adoration
et que vous vous éloignez avec de lointaines giboulées de bleu 

Une certaine lenteur m'est venue
tandis que tout s'ouvrait
vers une incroyable mer
tandis que vos yeux grisonnaient
et que vous passiez attendri
mais indescriptible
une certaine lenteur
cette aumône de temps
cette appréhension du cœur

Je vous regarde    je n'ose rien
pour cette vision qui s'en va et me défait
ni pour ces masques diurnes
lourds comme des armures

Je reste immobile

Un iris balance ses pétales mauves
le soleil s'y noie
et toute une lourdeur de début ou de fin de jour
s'est installée dans mon corps
je suis démantelée
sans plus d'appréhension et de mémoire
que cette lumière qui sombre
Je n'ai aucune promptitude
je suis là déchaînée mais inerte
Il n'y a plus que cette brisure ensoleillée
cette blanche impulsion où la vie se déploie
cet instinct de la lumière
où tout vous constate en secret

La grand ville métamorphose s'élance
dans le blanc roide de l'hiver
ou de ses gratte-ciel aux vitre magiciennes
(Derrière une fenêtre le dos détendu
d'une chaise de paille
évoque le tressage heureux
d'un quelconque voyage au soleil)

Sur le noir le bouleau est un signe amoureux
une rivière divisible et l'attente
sa blancheur semble fendre une nuit lucide
De tous ces jours et de toutes ces nuits malades
je n'ai gardé que le harcèlement de mon amour
que cette destruction monotone du ciel
que ce lent étouffement de mes sens
Je ne reconnais plus mon corps
je suis entrée dans un univers maladroit
habité uniquement par la trépidation des rues

Marie Uguay, Extrait de Journal 

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