C’est quand même incroyable qu’on soit encore vivantsà cent mille sous zéro et depuis cent mille ans.Peu importe comment le décor te programme,c’est toujours les tropiques quand tu aimes une femme.
Tout commença quand ils se sont perdus un jour ;le traîneau de secours s’est perdu à son tour.Le caribou couché dans la gueule du loupj’ai pris de vieilles étoiles pour me faire un igloo.
Dans la toundraSursum corda.
Pourquoi Alashuack me parle-t-il ainsi,tourisme de nylon, aliène que je suis ?Dans un ciel éclaté aux bouches des cratèresje me demande si nous sommes encore sur terre.« J’ai bel et bien perdu la trace, me dit-il,ne tentons pas la panique, c’est inutile.Je suis une légende et toi t’es une affaire,j’te donne l’éternité et tu me donnes une bière.»
Dans la toundray a des bons gars.
Le petit point là-bas, qu’est-ce que c’est, qu’est-ce que c’est ?Un trou dans la glace ? Un loup dans ma trace ?Ici, c’est comme ailleurs, c’est comme la mémoire,tout ce qui s’éloigne prend la couleur du noir.Un météore blasé, un casino viking ?Une armée en déroute, quelqu’un qui nous fait signe ?Ton ennemi juré qui te voit dans sa mireou l’homme de pierre t’épargnant le pire ?
Dans la toundratu ne sais pas.
Peut-être le beau temps découvrant la rocaille,des animaux masqués en smoking funérailles.La pauvre kipaluk accouplée à son chien,ils auront les yeux bleus, des dollars plein les mains.
La carcasse de l’avion, le pilote aux yeux fixes ;la cargaison d’alcool de l’hiver de trente-six,ils l’ont toute bue pendant que les bêtes passaient.Rappelle-toi, petit, la mort n’arrive jamais
Dans la toundra’est déjà là.
Akinisi, aussi, je crois que je l’attends.Elle est passée comme une outarde au printemps.Si tu savais combien d’années il a fallupour qu’elle vienne sur ma couche toute nue.
Elle est sourde et muette et secouée de transes,elle s’en fut se marier à un mur de silence.J’entends parfois la nuit sa prière électrique.Quel oiseau de malheur, ô quel chant magnétique.
Dans la toundraKamasutra.
Vous autres, vous dites que le monde est petit ;jamais pourtant je n’ai revu Akinisi.Le petit point là-bas, c’est peut-être le chasseurqui pose son fusil, le soir, près de son cœur.
S’il ramène de la viande il aura de la peauet encore des enfants pour manger le troupeauqui s’en va, qui s’en va, qui s’en va.Akinisi, viens ici, dans mes bras !
C’est quand même incroyable qu’on soit encore vivantsà cent mille sous zéro et depuis cent mille ans.Peu importe comment le décor te programme,c’est toujours les tropiques quand tu aimes une femme.
J’ai la trajectoire, la tension et la cible.Mon rêve a le métal des armes inadmissibles.Je mangerai les dieux tombés à mes côtéset je ne plierai que devant la beauté.
Je sens déjà rouler le frisson sur ma nuque,mon âme s’envoler dans un blizzard de sucre.Je savoure mon thé et je ferme les yeux.Mourir de froid, c’est beau, c’est long, c’est délicieux.
Je me perdrai encore et encore, tant queje n’aurai pas trouvé cet être qui me manque.Pour célébrer cela, tu vas faire quelque chose ;en arrivant au sud, tu m’envoies une rose.
Dans la toundraou au-delà.
Paroles et Musique: Richard Desjardins, Album Les Derniers Humains
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