«Dans le texte que je vais lire, Cézanne — je le commente presque logiquement — distingue deux moments dans l'acte de peindre *. Il va donc nous apporter des choses en plein dans notre problème. Un de ces moments, il l'appelle: chaos ou abîme et le second moment (si vous lisez bien le texte, qui n'est pas clair d'ailleurs, mais c'est une conversation supposée), le second moment, il l'appelle catastrophe. Le texte s'organise très logiquement, très rigoureusement. Il y a dans l'acte de peindre le moment du chaos, puis le moment de la catastrophe, et quelque chose en sort: c'est la couleur. Quand elle sort... Encore une fois, il n'est pas exclu que rien n'en sorte. On n'est pas sûr, ce n'est pas donné d'avance.
Voila le texte — je commence par le premier aspect. «Pour bien peindre un paysage, je dois découvrir d'abord les assises géologiques. Songez que l'histoire du monde vient du jour ou deux atomes se sont rencontrés, ou deux tourbillons, deux danses chimiques se sont combinées. Ces grands arcs-en-ciel, ces prismes cosmiques, cette aube de nous-même au-dessus du néant **.» Qu'est-ce qui nous intéresse là-dedans? C'est la première fois qu'on trouve un thème qui, à mon avis, parcourt tout, le thème: ils ne font jamais que peindre une chose, le commencement du monde.
* La lecture que Deleuze fait de Cézanne reprend presque intégralement l'analyse de Maldiney dans Regard Parole Espace, op. cit., p. 150 sq. et, surtout, p. 184 sq. Il cite d'ailleurs ce passage dans Francis Bacon (FLBS, p. 96, note 92).
** Deleuze précise ici qu'il joint deux textes distincts. Les deux textes se trouvent dans Conversation avec Cézanne, op. cit., p. 112-113.
Pourquoi l'histoire de la création peut-elle les intéresser? En tant que peintres, c'est évident. C'est évident qu'ils ont affaire avec quelque chose qui concerne la création du monde. Je veux dire: c'est une affaire essentielle de la peinture.»* La lecture que Deleuze fait de Cézanne reprend presque intégralement l'analyse de Maldiney dans Regard Parole Espace, op. cit., p. 150 sq. et, surtout, p. 184 sq. Il cite d'ailleurs ce passage dans Francis Bacon (FLBS, p. 96, note 92).
** Deleuze précise ici qu'il joint deux textes distincts. Les deux textes se trouvent dans Conversation avec Cézanne, op. cit., p. 112-113.
Gilles Deleuze, Extrait de Sur la peinture
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