Il faut rejeter le dispositif idéologique de l’ « éthique », ne rien concéder à la définition négative et victimaire de l’homme. Ce dispositif identifie l’homme à un simple animal mortel, il est le symptôme d’un inquiétant conservatisme, et, par sa généralité abstraite et statistique, interdit de penser la singularité des situations.
On lui opposera trois thèses :
-Thèse 1 : L’Homme s’identifie par sa pensée affirmative, par les vérités singulières dont il est capable, par l’Immortel qui fait de lui le plus résistant et le plus paradoxal des animaux.
-Thèse 2 : C’est à partir de la capacité positive au Bien, donc au traitement élargi des possibles et au refus du conservatisme, fût-il la conservation de l’être, qu’on détermine le Mal, non inversement.
-Thèse 3 : Toute humanité s’enracine dans l’identification en pensée de situations singulières. Il n’y a pas d’éthique en général. Il n’y -éventuellement- qu’éthique de processus par lesquels on traite les possibles d’une situation.
Mais surgit alors l’homme de l’éthique raffinée, qui murmure : « Contre-sens ! Contre-sens depuis le début. L’éthique ne se fonde nullement sur l’identité du Sujet, pas même son identité comme victime reconnue. Dès le principe, l’éthique est éthique de l’autre, elle est ouverture principale à l’autre, elle subordonne l’identité à la différence. »
Examinons cette piste. Mesurons sa nouveauté.
Alain Badiou, Essai sur la conscience du Mal
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