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lundi 16 décembre 2024
Écrire c'est encore espérer
mardi 10 décembre 2024
Une image habitable
Je cherche une image habitable
Ô que je remonte le cours du sang
Et que les quatre vents pénètrent ma demeure
Une bête réchauffe mon berceau
Un oiseau me rend mon enfance
Comment dépasser la nécessité
Faudra-t-il que je meure sans savoir?
Gatien Lapointe, Extrait de Ode au Saint-Laurent
mercredi 4 décembre 2024
Hors terre
mardi 26 novembre 2024
Ce projet d'existence
Tu appelles les mots,
Ces choses familièresQui font le pont avec la vie
Contre la douleur de la perte.Qui traversent les heures
Nues.Les mots,
Ce projet d'existence.
lundi 11 novembre 2024
Rumeurs du fleuve (fragments)
Quelle rumeur inondera
la peine du voyageur solitaire
je n'ai que ma voix
de fin du monde
ma voix dans la tienne, amour
au commencement de la musique
au bord du vide
la nostalgie est inutile
notait Jean-Aubert Loranger:
« à l'horizon le silence
a plus de poids que l'espace »Quelle saison nous occupe
dans la nuit du ventre
la mort
n'est pas un mot
un silence
pourtant nous relie à la terre
un fleuve de sensations
traverse nos regards
et nous voici, avec Anne Hébert,
« les vivants et les morts en un seul chant »La vie reste à faire
dans le mouvement humain
des fleuves qui coulent dans la plaine
« visages vrais paysages »
la poésie, disait Gilles Hénault
est mon rêve continuel
pendant que meurt le monde
ici maintenant
ou se défait de la mémoire
tendresse et rage d'eaux vertes
vendredi 8 novembre 2024
J'ai deux mille ans
J'ai deux mille ans ma mère
Devant mes peuples ennemis
Mes océans sont sans salive
Mes arbres aux branches évidéesJ'ai deux mille ans ma mère
Par temps d'un ventre déchiré
Mon cœur veille un vaisseau blesséDeux mille ans
Et mes volcans sont des usines
J'ai des enfants
Que mes grands enfants assassinentJ'ai deux mille ans ma mère
Vu de la lune ton sang est bleu
Et nos amours sont toutes mortes
Parlez canons de couvre-feu
J'ai deux mille ans ma mère
De 4.6 milliards d'années
Tout le nombril d'en être fierJ'ai deux mille ans ma mère
Je tiens de glace en eau salée
Comment ne pas mourir noyés
Comment reviendrons-nous à naître
Du fond des océans gelés
mercredi 6 novembre 2024
À Marie Uguay
Lumière vive
des jours de Montréal à ta fenêtre.Les musiques de l'être
se cachent au fond des osParole coupée de nos nerfs
où s'accorde la douleur des commencements,
aimer c'est s'avoir que l'on meurt.
Comme la voix du violoncelle
chante le corps familier des choses,
« la poésie, disais-tu,
est la recherche d'un absolu très humble ».
mardi 5 novembre 2024
Cromlech
Viendra le Temps
où incorruptible
l'âme de la pierre
s'endormira dans son éclatementsa chute sera-t-elle Ascension?
je le sens
tu le crois
la pierre s'élèvera
convergence des fragilités du monde
creuset ascensionnel
où tout prendra sens
où tout prendra gloire
cromlech de lumière
Andrée Christensen, Jacques Flamand, Extrait de Géologie de l'intime
dimanche 3 novembre 2024
Légende de l'homme rapide
Alberto Manguel, Extrait de La cité des mots
dimanche 20 octobre 2024
Le Vésuve à la maison
UN PORTRAIT
Les volcans sont en Sicile
Et en Amérique du Sud
Si j'en crois ma Géographie –
Un volcan, là, tout proche
Un échelon de lave à tout instant
Suis-je prête à gravir
Un cratère que je puisse contempler –
Le Vésuve à la maison
Emily Dickinson, Extrait de Un volcan silencieux, la vie
lundi 23 septembre 2024
Ce mystère
samedi 21 septembre 2024
Se taire et écrire
vendredi 20 septembre 2024
mercredi 4 septembre 2024
Le cœur de l'oiseau
Michèle Gagné, Extrait de Habiter ici
lundi 2 septembre 2024
vendredi 23 août 2024
Coucher de soleil sur un lac
jeudi 22 août 2024
Un passage parlé
mercredi 21 août 2024
La place
La terre bouge au bout du monde
la main sans fin dans les cheveux de l'autre.
On imagine quelques pas sur le sable;
le temps de prendre une autre route
sur la peau aimée,
le passé admis à la barre du silence
comme un nouveau souffle
pour la rotation des corps.
La brise succombe au regard.
Tu occupes la place
laissée par le passage des oiseaux.
Michèle Gagné, Extrait de Habiter ici
mardi 20 août 2024
La mangeuse de terre
lundi 19 août 2024
Les ghawazi du Nord
samedi 17 août 2024
Sur notre île
jeudi 15 août 2024
Rigi
mercredi 14 août 2024
Comme une vague
mercredi 7 août 2024
Thanatos versus Chaos
Pensée libre
lundi 5 août 2024
Concentré
Joris-Karl Huysmans, Extrait de À rebours
dimanche 4 août 2024
Main matière
vendredi 26 juillet 2024
La lumière n'est pas conçue
mercredi 24 juillet 2024
Bassin biscuit
Les tempêtes
Laure Morali, Extrait de Comment va le monde avec toi
mardi 23 juillet 2024
Pensée mobile
samedi 20 juillet 2024
Sans malentendu
mercredi 17 juillet 2024
Papier Canson
samedi 13 juillet 2024
Brume
vendredi 12 juillet 2024
Voir, et voir
jeudi 11 juillet 2024
Guagua Putina
vendredi 5 juillet 2024
Shanshui
lundi 1 juillet 2024
Ce jour là
[...]Ce jour là j'me suis dit qu'il aurait mieux fallu rester chez moi
Ce jour là j'me suis dit qu'il aurait mieux fallu rester chez moi
- Fallu... Fallu... C'est... C'est un mot ? C'est, c'est quoi, c'est heu ? Passé compliqué ça ?
- Non il aurait, il aurait mieux fallu c'est, euh, conditionnel passé première forme. Tu vois là on aurait pu dire "il aurait mieux valu" aussi, mais, du verbe valoir. C'eut été plus élégant.
- Alors ?
- Ben, voilà.
- Alors ?
Putain, Marine le Pen, oh non
Marine le Pen, non mais
Tu le crois pas
Tu le crois pas putain
Marine le Pen, oh non
Mais Marine le Pen, non mais
Tu le crois pas
Tu le crois ça ?Compositeur: Phillippe Katerine, Album Robots Après Tout
Regarder dans la fenêtre de temps donné
Je hante souvent les mêmes lieux à la recherche des éléments qui forgent le regard des peintres. À chaque fois, je réapprivoise ces espaces; de manière sauvage; vierges de tout regard.
Il y a un nouveau joueur qui modifie nos paysages, c’est le roseau commun (phragmite), il nuit à la biodiversité, aux terres humides, et fait disparaître notre célèbre quenouille. Depuis plus d’une dizaine d’années, je le regarde gagner du terrain en magnifique talle d’or sur nos terres, atteignant parfois des hauteurs vertigineuses. Je n’ai pas le souci d’une botaniste, mais le questionnement visuel d’une artiste, à savoir la proportion des jaunes qui recouvriront ma palette habituelle et le temps que je mettrai à oublier l’ancienne.
dimanche 30 juin 2024
Les quatre vents de la terre
samedi 29 juin 2024
Les étoiles
Les étoiles, les étoiles, les étoiles
Dites-moi étoile, pourquoi je vous regarde?
Les étoiles, les étoiles, les étoiles
Dites-moi, étoile qui vous regardera?Les étoiles, les étoiles
Si seulement je savais
Dites moi étoile de qui obtenez-vous la lumière
Les étoiles, les étoiles
Vous qui êtes belle dans les cieux
Dites-moi étoile, qui vous donnera l'amour?The stars the stars shining up above
Tell me stars who will give you love
The stars the stars lights of white and blue
Tell me stars why I look to youLes étoiles les étoiles les étoiles
Dites-moi étoile, pourquoi je vous regarde?
Compositrice: Melody Gardot, Album My one and only thrill
vendredi 28 juin 2024
Bleu total
jeudi 27 juin 2024
Il y a des jours, il y a des moments
Parole d'eau
mercredi 26 juin 2024
Ce qui est vivant
« À la question toujours encombrante: qu'est-ce que tu écris en ce moment, je réponds que j'écris sur des fleurs, et qu'un autre jour je choisirai un sujet encore plus mince, plus humble si possible. Une tasse de café noir. Les aventures d'une feuille de cerisier. Mais pour l'heure, j'ai déjà beaucoup à voir: neuf tulipes pouffant de rire dans un vase transparent. Je regarde leur tremblement sous les ailes du temps qui passe. Elles ont une manière rayonnante d'être sans défense, et j'écris cette phrase sous leur dictée: «Ce qui fait événement, c'est ce qui est vivant, et ce qui est vivant, c'est ce qui ne se protège pas de sa perte.» »
Pyramide olfactive
Je suis née dans le silence, dans une maison aux mots évidés face au langage du corps. Je n’ai pas signé de grands concepts avec les sourds, mais d'émotions qui fourmillent sur la peau. Des idées à peine saisissables. Vu ma caboche, je trouvais qu'il manquait de sens, mais en vieillissant, je comprends qu'il n'y avait que l'essence. L'extrait d'un parfum sans note de tête, ni note de fond et bien pendant un certain temps, ça écœure.
vendredi 21 juin 2024
Sunset
Could be honeycomb
In a sea of honey
A sky of honey
Whose shadow, long and low
Is slipping out of wet clothes?
And changes into
The most beautiful
Iridescent blueWho knows who wrote that song of Summer
That blackbirds sing at dusk
This is a song of color
Where sands sing in crimson, red and rust
Then climb into bed and turn to dustEvery sleepy light
Must say goodbye
To day before it dies
In a sea of honey
A sky of honey
Keep us close to your heart
So if the skies turn dark
We may live on in
Comets and starsWho knows who wrote that song of Summer
That blackbirds sing at dusk
This is a song of color
Where sands sing in crimson, red and rust
Then climb into bed and turn to dust
Who knows who wrote that song of Summer
That blackbirds sing at dusk
This is a song of color
Where sands sing in crimson, red and rust
Then climb into bed and turn to dustOh sing of summer and a sunset
And sing for us, so that we may remember
The day writes the words right across the sky
They all go all the way up to the top of the nightCompositrice: Kate Bush, Album Aerial
lundi 17 juin 2024
Vue d'ensemble
samedi 15 juin 2024
Faire
jeudi 13 juin 2024
Noir-noir et Clair-clair
Très peu
mercredi 12 juin 2024
La voix
samedi 8 juin 2024
vendredi 7 juin 2024
Ce qui nous regarde
mercredi 5 juin 2024
Signe distinctif
Au moment de sa disparition
Elle portait
Des souliers de toile
Jupe blanche et t-shirt noirAu moment de sa disparition
Elle portait
Un collier d'étoiles
Et son cœur en robe du soirAu moment de sa disparition
Il portait des bottes de travail
De la sueur sous son chandailAu moment de sa disparition
Il portait la vie sur son dos
Et sur son cœur, un gros pianoAu moment de sa disparition
Elle portait
Un enfant vivant
Une robe couleur de sangAu moment de sa disparition
Elle portait la terre à bout d'bras
Et son cœur dansait
Dansait, dansait
Dans ses pasAu moment de leur disparition
Ils portaient
Un drap d'hôpital
Des culottes courtes
Un bel uniforme
Un sac de linge sale
Un paquet d'tabac
Un numéro nul
Une poupée sans brasEt rien dans les mains
La laisse d'un chienCompositeurs: Richard Desjardins, Michel Côté, Album Tu m'aimes-tu
dimanche 2 juin 2024
L'absolu négatif
Fernando Pessoa, Extrait de L’Heure du diable
Prendre plaisir
Je prends plaisir aux champs sans les observer.Tu me demandes pourquoi j'y prends plaisir.Parce que j'y prends plaisir, c'est ma réponse.Prendre plaisir à une fleur c'est se trouver près d'elle inconsciemment et avoir une notion de son parfum dans nos idées les plus confuses.Quand j'observe, je ne prends pas plaisir : je vois.Je ferme les yeux, et mon corps, qui se trouve parmi l'herbe, appartient entièrement à l'extérieur de celui qui ferme les yeux — à la fraîcheur dure de la terre odorante et irrégulière; et quelques chose des bruits indistincts des choses vivantes, et seule une ombre vermeille de lumière appuie légèrement sur mes orbites, et seul un restant de vie entend.
Fernando Pessoa, Extrait de Poésies d'Alvaro de Campos avec le Gardeur de troupeaux et les autres poèmes d'Alberto Caeiro
samedi 1 juin 2024
vendredi 31 mai 2024
Ouvrir le corps de la parole
« On dit toujours, s’il n’y a pas de sel, y’a rien. Moi, ça prend des formes extrêmes… S’il n’y a pas de citron, y’a rien… S’il n’y a pas de thé, s’il n’y a pas d’Earl Grey, y’a rien… A la rigueur il pourrait ne pas y avoir de pain, mais s’il n’y a pas de pommes, alors par exemple, y’a rien du tout… S’il n’y a pas de sauce indochinoise, je m’en vais je quitte la demeure. »Marguerite Duras
jeudi 30 mai 2024
Passer la mort
mercredi 29 mai 2024
Le temps de la parole
vendredi 24 mai 2024
Incolore, invisible, inodore
lundi 20 mai 2024
I Peuple inhabité
J'habite un espace ou le froid triomphe de l'herbe, ou la grisaille règne en lourdeur sur des fantômes d'arbres.
J'habite en silence un peuple qui sommeille, frileux sous le givre de ses mots. J'habite un peuple dont se tarit la parole frêle et brusque.
J'habite un cri tout alentour de moi —pierre sans verbe —falaise abrupte —lame nue dans ma poitrine l'hiver.Une neige de fatigue étrangle avec douceur le pays que j'habite.
Et je persiste en des fumées.Et je m'acharne à parler.Et la blessure n'a point d'écho.Le pain d'un peuple est sa parole.Mais point de carté dans le blé qui pourrit.J'habite un peuple qui ne s'habite plus.Et les champs entiers de la joie se flétrissent sous tant de sécheresse et tant de gerbes reniées.
J'habite le spectre d'un peuple renié comme fille sans faste.
Et mes pas font un cercle en ce désert. Une pluie de visages blancs me cerne de fureur.
Le pays que j'habite est un marbre sous la glace.
Et ce pays sans hommes de lumière glisse dans mes veines comme femme que j'aime.
Or je sévis contre l'absence avec, entre les dents, une pauvreté de mots qui brillent et se perdent.
Yves Préfontaine, Extrait de Pays sans parole
dimanche 19 mai 2024
À partir du deux
Gris de Payne
samedi 18 mai 2024
La Solitude
Solitude … Pour vous cela veut dire seul,
Pour moi – qui saura me comprendre ?
Cela veut dire : vert, vert dru, vivace tendre,
Vert platane, vert calycanthe, vert tilleul.
Mot vert. Silence vert. Mains vertes
De grands arbres penchés, d’arbustes fous ;
Doigts mêlés de rosiers, de lauriers, de bambous,
Pieds de cèdres âgés où se concertent
Les bêtes à Bon Dieu ; rondes alertes
De libellules sur l’eau verte…
Dans l’eau, reflets de marronniers,
D’ifs bruns, de vimes blonds, de longues menthes
Et de jeune cresson ; flaques dormantes
Et courants vifs où rament les « meuniers » ;
Rainettes à ressort et carpes vénérables ;
Martin-pêcheur… En mars, étoiles de pruniers,
De poiriers, de pommiers ; grappes d’érables.
En mai, la fête des ciguës,
Celle des boutons d’or : splendeur des prés.
Clochers blancs des yuccas, lances aiguës
Et tiges douces, chèvrefeuille aux brins serrés,
Vigne-vierge aux bras lourds chargés de palmes,
Et toujours, et partout, fraîche, luisante, calme,
L’invasion du lierre à petits flots lustrés
Gagnant le mur des cours, les carreaux des fenêtres,
Les toits des pavillons vainement retondus…
Lierre nouant au front du chêne, au cou du hêtre,
Ses bouquets de grains noirs comme un piège tendu
À la grive hésitante ; vert royaume
Des merles en habit – royaume qui s’étend
Ainsi que dans un parc de Florence ou de Rome
En nappes d’émeraude et cordages flottants…
Lierre de cette allée au porche de lumière
Dont les platanes séculaires, chaque été,
Font une longue cathédrale verte – lierre
De la grotte en rocaille où dorment abrités
Chaque hiver, les callas et les cactus fragiles ;
Housse, que la poussière blanche de la ville
Givre à peine les soirs de très grand vent – pour moi,
Vert obligé des vieilles pierres,
Des arbres vieux, des toits qui penchent, des vieux toits –
Un château ? Non, Madame, une gentilhommière,
Un ermitage vert qui sent les bois, le foin,
Où les bruits de la route arrivent d’assez loin
Pour n’être plus qu’une musique en demi-teintes.
Un train sur le talus se hâte avec des plaintes,
Mais l’horizon tout rose et mauve qu’il rejoint
Transpose le voyage en couleurs de légende.
On regarde un instant vers ces trains qui s’en vont
Traînant leur barbe grise – et c’est vrai qu’ils répandent
Un peu de nostalgie au fil de l’été blond…
Mais le jazz des moineaux fait rage dans les feuilles,
Les pigeons blancs s’exaltent, le cyprès
Est la tour enchantée où des notes s’effeuillent
Autour du rossignol. Du pré,
Monte la fièvre des grillons, des sauterelles,
Toutes les herbes ont des pattes, ont des ailes –
Et l’Âne et le Cheval de la Fable sont là
Et Chantecler se joue en grand gala
Jour et nuit dans la cour où des plumes voltigent.
Au clair de l’eau, c’est l’éternel prodige
Du têtard de velours devenu crapaud d’or,
De la voix de cristal parmi les râpes neuves
D’innombrables grenouilles. Le chat dort.
Dickette – chien s’affaire – et sur leur tête pleuvent
Des pastilles de lune ou de soleil brûlant.
S’il pleut vraiment, la pluie à pleins seaux ruisselants
S’éparpille de même aux doigts verts qui l’arrêtent.
Un tilleul, des bambous. L’abri vert du poète,
Du vert, comprenez-vous ? Pour qu’aux vieilles maisons
Rien ne blesse les yeux sous leurs paupières lasses.
Douceur de l’arbre, de la mousse, du gazon…
Vous dites : Solitude ? Ah ! dans l’heure qui passe,
Est-il rien de vivant plus vivant qu’un jardin,
De plus mystérieux, parfumé, dru, tenace,
Et peuplé – si peuplé qu’il arrive soudain
Qu’on y discourt avec mille petits génies
Sortis l’on ne sait d’où, comme chez Aladin.
Un mot vert… Qui dira la fraîcheur infinie
D’un mot couleur de sève et de source et de l’air
Qui baigne une maison depuis toujours la vôtre,
Un mot désert peut-être et desséché pour d’autres,
Mais pour soi, familier, si proche, tendre, vert
Comme un îlot, un cher îlot dans l’univers ?…Sabine Sicaud, Extrait de Les poèmes
jeudi 16 mai 2024
Paysage en deux couleurs sur fond de ciel
La vie la mort sur deux collines
Deux collines quatre versants
Les fleurs sauvages sur deux versants
L'ombre sauvage sur deux versants.
Le soleil debout dans le sud
Met son bonheur sur les deux cimes
L'épand sur faces des deux pentes
Et jusqu'à l'eau de la vallée
(Regarde tout et ne voit rien)
Dans la vallée le ciel de l'eau
Au ciel de l'eau les nénuphars
Les longues tiges vont au profond
Et le soleil les suit du doigt
(Les suit du doigt et ne sent rien)
Sur l'eau bercée de nénuphars
Sur l'eau piquée de nénuphars
Sur l'eau percée de nénuphars
Et tenue de cent mille tiges
Porte le pied des deux collines
Un pied fleuri de fleurs sauvages
Un pied rongé d'ombre sauvage.
Et pour qui vogue en plein milieu
Pour le poisson qui saute au milieu
(Voit une mouche tout au plus)
Tendant les pentes vers le fond
Plonge le front des deux collines
Un de fleurs fraîches dans la lumière
Vingt ans de fleurs sur fond de ciel
Un sans couleur ni de visage
Et sans comprendre et sans soleil
Mais tout mangé d’ombre sauvage
Tout composé d’absence noire
Un trou d’oubli – ciel calme autour.Hector de Saint-Denys Garneau, Extrait de Regards et jeux dans l'espace
mercredi 15 mai 2024
Petit, grandiose, sale
mardi 14 mai 2024
Thésis ou temps frappé de la mesure
Surprendre les motifs souterrains de l'inlassable
vendredi 10 mai 2024
Géorama
Aube dorée
jeudi 9 mai 2024
J'arrive à la ville
Voilà un temps irrégulieren trajectoires d'or et de roseindispensable à ma rêverie accoutuméeun temps inégal et baroqueavec de grandes boufféesproches de la pluielors des nuits édentées de juillet
Les blessures étaient facilesà force de tant de douceur salvatricemaintenant nous ne pourchassons plusaucun épanchement de l'atmosphèreavant le seuil limbé de nos silencesJe vous désir de nulle partd'aucun mot décisifmais d'une supplication invisibleoù convergent tous les sentiments exaltésÔ l'inutile quand tout se disloque et s'émeutlorsque quelques propos s'entachent d'incertitude et d'adorationet que vous vous éloignez avec de lointaines giboulées de bleuUne certaine lenteur m'est venuetandis que tout s'ouvraitvers une incroyable mertandis que vos yeux grisonnaientet que vous passiez attendrimais indescriptibleune certaine lenteurcette aumône de tempscette appréhension du cœurJe vous regarde je n'ose rienpour cette vision qui s'en va et me défaitni pour ces masques diurneslourds comme des armuresJe reste immobileUn iris balance ses pétales mauvesle soleil s'y noieet toute une lourdeur de début ou de fin de jours'est installée dans mon corpsje suis démanteléesans plus d'appréhension et de mémoireque cette lumière qui sombreJe n'ai aucune promptitudeje suis là déchaînée mais inerteIl n'y a plus que cette brisure ensoleilléecette blanche impulsion où la vie se déploiecet instinct de la lumièreoù tout vous constate en secretLa grand ville métamorphose s'élancedans le blanc roide de l'hiverou de ses gratte-ciel aux vitre magiciennes(Derrière une fenêtre le dos détendud'une chaise de pailleévoque le tressage heureuxd'un quelconque voyage au soleil)Sur le noir le bouleau est un signe amoureuxune rivière divisible et l'attentesa blancheur semble fendre une nuit lucideDe tous ces jours et de toutes ces nuits maladesje n'ai gardé que le harcèlement de mon amourque cette destruction monotone du cielque ce lent étouffement de mes sensJe ne reconnais plus mon corpsje suis entrée dans un univers maladroithabité uniquement par la trépidation des rues
Marie Uguay, Extrait de Journal
mercredi 8 mai 2024
Revoir New York
mardi 7 mai 2024
Percevoir
jeudi 2 mai 2024
Symbolique de la route
mardi 30 avril 2024
dimanche 28 avril 2024
La musique
Quand elle est arrivée
Je n'en menais pas large
Je m'enfargeais dans les nuages
Je me brûlais au fer de forge
J'astiquais mon revolver
Quasiment mort de rire
De rôtir en enfer
Mort à proprement dire
De vivre ma vie sur la terre
J'étais un chien fini
Quand elle est arrivée
Je n'voyais pas
J'étais dans un piteux état
C'est probablement mon fantôme
Qui l'a touchée tout d'abord
À moins que ce soit Sodôme et Gomorrhe
Qui me brûlait les yeux
Toujours est-il qu'entre 28 plaies vives
Et 82 bosses la voilà qui arrive
J'étais fait à l'os
La musique... mon amour de musique
Est-ce que tu m'aimes encore?
La musique... mon trésor
Est-ce que tu m'aimes encore?
Quand elle est arrivée
Elle m'a embrassé dans l'oreille
Jusque sur la peau de l'âme
Dieu merci la reine abeille
Avait du violoncelle sur le dard
La muse « Euterpe » m'a tiré sa flèche
Là où l'amour crèche
Au creux de l'harmonie
Elle m'a sauvé la vie
Quand elle est arrivée
J'étais tout croche
J'avais les yeux en-dessous des poches
Je me saignais pour des danseuses
Je me trainais pour dix dollars
Entre deux cuites et deux plumards
La voilà qui arrive entre 28 plaies vives
Et 82 bosses
Et j'ai quitté mon boss
La musique... mon amour de musique
Est-ce que tu m'aimes encore?
La musique... mon trésor
Est-ce que tu m'aimes encore?
Qu'en j'en ai plus que marre
Que la pluie pleuve averse
Que la folie m'agresse
Lorsque j'en vienne aux coups
Parce que la politique
Parce que la mer est sale
La route électronique et le papier journal
Au lieu de tomber dans l'analgésique
Avant de péter la gueule aux connards
J'époussète ma guitare
Je la prend par la taille
Et c'est sur mes genoux
Que la douleur se taille
Que les enfants s'endorment
Je ne sais pas de drame quand je joue
Je ne suis plus aux femmes
Je suis aux oiseaux
Entre 28 plaies vives
Et 82 bosses et je suis fait à l'os
La musique... mon amour de musique
Est-ce que tu m'aimes encore?
La musique
Est-ce que tu m'aimes encore?
C'est gênant de te demander ça
C'est pour ça que je te le demande tout bas
Après mes slows, mes blues, les drums et les ordinateurs
As-tu toujours une fleur d'amour
Un fond d'émotion, une graine de douceur
Pour ton compositeur
La musique... mon amour de musique
Est-ce que tu m'aimes encore?
La musique
Est-ce que tu m'aimes encore?
Mon trésorJean-Pierre Ferland
samedi 27 avril 2024
Le cœur nu de la vie
mercredi 24 avril 2024
La forme la plus inoffensive
dimanche 21 avril 2024
samedi 20 avril 2024
Le murmure
jeudi 18 avril 2024
Les apparitions
dimanche 14 avril 2024
Changer la parole en fête
Concord
jeudi 11 avril 2024
mardi 2 avril 2024
Borée sauve tout
Ils
Mesdames messieursBienvenue à l’aéroport de MontréalCombien allez-vous ?Vous n’êtes pas seulsJe ne suis pas seulNous ne sommes pas seulsNous sommes pour le moment des grégaires dispersésSi nous ne pouvons vous sourire d’avantageC’est que nous espérons que le confortEt la sécurité ait l’amabilité d’enlever leurs bottes dans nos facesAussi, visitez nos grands monumentsEt découvrezUne égliseUne cathédraleUne mosquéeUne banque…La seule lumière qu’elles produisentC’est quand elles passentAu feu
samedi 30 mars 2024
Elle survient sur la route
vendredi 29 mars 2024
Fée
jeudi 28 mars 2024
Chapelet païen
mercredi 27 mars 2024
Pur
lundi 25 mars 2024
Un seul livre
«Pendant longtemps j'ai cru que l'absence est manque. Et je déplorais, ignorant, ce manque. Aujourd'hui je ne le déplore plus. Il n'y a pas de manque dans l'absence. L'absence est une présence en moi. Et je la sens, blanche, si bien prise, blottie dans mes bras, que je ris et danse et invente des exclamations joyeuses, parce que l'absence, cette absence incorporée, personne ne peut plus me la dérober.»
«Je m'éveille pour la mort.» Ainsi commence le dernier jour d'un condamné dans une mouture brésilienne publiées en 1945. Le poème «Mort en avion» raconte tout droitement, à la première personne, la journée, grevée de nul pressentiment, d'un homme qui va mourir. D'un vivant qui ne sait pas qu'il va mourir avant la fin du jour, mais qui, grâce à une conjonction que seule la poésie autorise, ne laisse pas de savoir très exactement que cette journée ne passera pas sans qu'il ait rencontré la mort. D'où tient-il cette certitude? Le poète ne le dit pas et le lecteur, captivé par ce compte à rebours, se désintéresse vite de la question, Ce qui importe, c'est que la formulation de cette échéance inéluctable ouvre une attente, déjà entrebâillée par le titre du poème, à partir de laquelle la lecture prend irréversiblement un sens, une urgence. Un homme va mourir: Où? Quand? Comment? Pourquoi? «Je ferme ma chambre. Je ferme ma vie.»
L'autre est bien celui qui nous fait parler.
lundi 11 mars 2024
Unique
Un visage
Traversé
Par hasard
Désormais
unique
Un visage
Reconnu
Entre tous
Désormais
unique
L'univers
Répondant
A un nom
Prend visage
et sens
Où tu es
Ou n'es pas
Tout n'est plus
Que présence
absenceFrançois Cheng Extrait de Le long d'un amour